L'utopie et la dystopie

On entend parfois dans les médias la phrase « c’est utopique » ou « c’est une utopie ». Nous allons ici présenter l’utopie et aussi son contraire, son antonyme, la dystopie.

 

I. L’utopie

 

L’utopie est un terme formé sur le mot grec topos qui veut dire « le lieu » et « u », un préfixe privatif qu’on rajoute pour signifier « sans ». Donc «utopie » veut dire « sans lieu », car c’est quelque chose qui n’existe pas. Il n’y a pas de notion de bien ou de mal dans le terme d’utopie, juste l’idée que c’est un lieu imaginaire.

 

A. Naissance de l’utopie

Le terme a été inventé au XVIe siècle par Thomas More, à la Renaissance, en Angleterre. C’est donc un auteur britannique qui écrit un livre qu’il intitule justement Utopia en anglais. Thomas More est un personnage politique important en son temps. Il est conseiller d’Edouard VIII, le fameux roi qu’on dépeint parfois sous les traits de Barbe Bleue, puisqu’il a fait tuer plusieurs de ses femmes, et il va d’ailleurs faire tuer Thomas More aussi. Mais Thomas More, avant d’être condamné à mort, écrit ce livre dans lequel il dépeint une société idéale. Il imagine quelle serait la meilleure manière d’organiser le travail pour faire en sorte que la société soit égalitaire, qu’elle traite tout le monde de la même manière, qu’elle soit juste. Ce n’est pas le cas à son époque et dans le pays où il vit. Il imagine donc cette société idéale, par exemple, en pensant à une rotation, un roulement dans le travail. Les gens qui font des professions intellectuelles devraient faire des professions manuelles une fois par semaine, pendant que les gens qui font des professions manuelles feraient autre chose que leur travail habituel. Il y aurait aussi beaucoup de jours de repos pour pouvoir étudier, apprendre. Ce sont autant de choses qui garantiraient une société idéale, mais dont on pourrait dire qu’elles sont utopiques dans le sens où on le prend aujourd’hui, c’est-à-dire que ce n’est pas possible, c’est trop bien pour être vrai et ça ne peut pas être réalisé réellement. C’est le sens qu’a pris le terme utopique aujourd’hui.

 

B. Exemples d’utopies dans la littérature

Dans la littérature française, on a des exemples dans Gargantua, qui est un roman de Rabelais, auteur du XVIe siècle, de la Renaissance. On trouve un épisode qui s’appelle « L’abbaye de Thélème ». C’est un lieu où les moines vivent tous en bonne intelligence et ne se disputent jamais. Tout le monde s’entend bien, tout s’organise parfaitement et donc ils peuvent faire ce qu’ils veulent parce que tout se passe avec bienveillance et confiance. Il s’agit bien d’une utopie, car c’est une société idéale qui ne correspond pas à ce qui peut être observé dans la réalité. 

De la même manière, Voltaire dans son conte philosophique Candide dépeint un lieu utopique qui est l’Eldorado.  C’est un terme utilisé en Espagne qui veut dire « le doré », c’est-à-dire, « le pays doré ». On a cherché les mines d’or en Amérique du Sud et on a rêvé d’une cité qui serait en or, donc l’Eldorado, c’est ce pays où il n’y aurait que de l’or. Voltaire imagine que son héros Candide trouve cet Eldorado. On trouve ce lieu utopique dans lequel tout fonctionne à merveille.

 

II. La dystopie

 

L’utopie est une notion assez ancienne qui a donné lieu plus récemment, plutôt au XXe siècle, à la dystopie. On a toujours topos en grec, à qui s’ajoute le préfixe « dys » qui signifie « qui fonctionne mal », comme dans « dysfonctionnement ». Il s’agit donc d’un lieu qui fonctionne mal. La dystopie, en littérature, c’est un texte qui raconte comment est organisé un lieu, non seulement qui fonctionne mal, mais finalement qui est le lieu où se trouve la pire des sociétés possibles.

 

Exemples de dystopies

On a quelques exemples de dystopie, notamment en littérature anglo-saxonne. George Orwell a écrit La ferme des animaux dans lequel il imagine que des animaux vont se révolter contre les fermiers, ils vont prendre le pouvoir. Ils vont essayer aussi, comme pour l’utopie de More, de créer une société où tout le monde est égal, où tous les animaux sont égaux et le travail est bien distribué entre chacun. Finalement, cela ne va pas très bien se passer et on va arriver à quelque chose de très inégalitaire, très injuste. Ce qui  se voulait être une utopie va devenir une dystopie, c’est-à-dire que ce qui voulait être la meilleure des sociétés va devenir la pire.

On a la même chose dans le texte d’Aldous Huxley, Le meilleur des mondes, qui imagine une société dans laquelle on peut contrôler les naissances, au nom du mieux, pour que seuls les meilleurs individus naissent, mais on arrive à quelque chose de très contraignant, de dictatorial qui fait qu’il n’y a plus de liberté, plus de hasard ni de bonheur dans cette société. C’est aussi une utopie qui se révèle être une dystopie.

Aujourd’hui, il y a beaucoup de dystopies au cinéma. Dans la science-fiction, on trouve par exemple les Hunger games. On trouve moins d’utopies au cinéma parce qu’en général, quand on présente des utopies, c’est pour montrer l’envers du décor comme pour Orwell ou Huxley.

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