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Identifier les formes poétiques médiévales : ballade et rondeau

Exercice : Identifier les formes poétiques médiévales : ballade et rondeau

 

Poème A : Poème tiré du recueil Rondeaux, Christine de Pizan, 1396

Je ne sais comment je dure ;
Car mon dolent1 cœur fond d’ire2,
Et plaindre n’ose, ni dire
Ma douloureuse aventure,

Ma dolente vie obscure,
Rien, hors la mort, ne désire ;
Je ne sais comment je dure.

Et me faut par couverture3
Chanter quand mon cœur soupire,
Et faire semblant de rire ;
Mais Dieu sait ce que j’endure ;
Je ne sais comment je dure.

 

1. dolent : souffrant
2. ire : colère
3. par couverture : en voilant la vérité

 

Questions

1. Quelle est la forme du poème ? Quelle phrase est ainsi mise en évidence ?

2. Expliquer en quoi la forme est-elle adaptée au sujet traité ?

 

Poème B : « Ballade des pendus », Villon, 1489.

Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça1 dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s’en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Si frères vous clamons, pas n’en devez
Avoir dédain2, quoique fûmes occis3
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis4.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie5,
Nous préservant de l’infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous charrie6,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués7 et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés8,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maîtrie9,
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :
A lui n’ayons que faire ni que soudre10.
Hommes, ici n’a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

 

1. piéça : depuis un certain temps
2. dédain : mépris
3. occis : tués
4. rassis : calmes
5. tarie : épuisée, finie
6. charrie : remue
7. débués : lessivés
8. cavés : rendus « caves », c’est-à-dire creusés
9. maîtrie: maîtrise
10. soudre : solder

 

Questions

1. En quoi la forme de la ballade, en général lié au registre lyrique heureux et à la danse, est un choix ici intéressant ?

2. Quel est le refrain ? Pourquoi cette phrase est-elle mise en évidence ?

3. Repérer l’envoi : pourquoi un tel choix de la part de l’auteur ?

Identifier la forme poétique du blason

Exercice : Identifier la forme poétique du blason

 

« Du beau tétin », Marot, 1535.

Tétin refait plus blanc qu’un œuf,
Tétin de satin blanc tout neuf,
Tétin qui fais honte à la rose,
Tétin plus beau que nulle chose !
Tétin dur, non pas tétin, voire,
Mais petite boule d’ivoire,
Au milieu duquel est assise
Une fraise, ou une cerise,
Que nul ne voit, ne touche aussi.
Mais je gage qu’il est ainsi.
Tétin donc au petit bout rouge,
Tétin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller.
Tétin gauche, tétin mignon,
Toujours loin de son compagnon,

Tétin qui portes témoignage
Du demeurant du personnage.
Quand on te voit, il vient à maints
Une envie dedans les mains
De te tâter, de te tenir. […]

 

Questions

1. Quelles sont les images qui font l’éloge du tétin ?

2. Le mot « tétin » est omniprésent dans le poème : quelles figures le montrent ?

Identifier un sonnet de la Pléiade

Exercice : Identifier un sonnet de la Pléiade

 

Sonnet des « Sonnets pour Hélène », Les Amours, Ronsard, 1578.

Afin qu’à tout jamais de siècle en siècle vive
La parfaite amitié que Ronsard vous portait
Comme votre beauté la raison lui ôtait,
Comme vous enchaînez sa liberté captive ;

Afin que d’âge en âge à nos neveux arrive
Que toute dans mon sang votre figure était,
Et que rien sinon vous mon cœur ne souhaitait,
Je vous fais un présent de cette Sempervive.

Elle vit longuement en sa jeune verdeur :
Longtemps après la mort je vous ferai revivre,
Tant peut le docte soin d’un gentil serviteur,

Qui veut en vous servant toutes vertus ensuivre.
Vous vivrez, croyez-moi, comme Laure en grandeur,
Au moins tant que vivront les plumes et le livre.

 

Questions

1. Comment les débuts des strophes structurent-ils la composition du sonnet ?

2. Où voit-on une allusion à la poésie italienne dans le sonnet ?

3. Comment l’auteur fait-il son propre éloge ?

Versification : rimes suivies, croisées et embrassées

Exercice : Versification : rimes suivies, croisées et embrassées

 

« Le Paresseux », Œuvres poétiques, Saint-Amant, 1631.

Accablé de paresse et de mélancolie,
Je rêve dans un lit où je suis fagoté,
Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,
Ou comme un Don Quichotte1 en sa morne folie.

Là, sans me soucier des guerres d’Italie,
Du comte Palatin2, ni de sa royauté,
Je consacre un bel hymne à cette oisiveté
Où mon âme en langueur est comme ensevelie.

Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,
Que je crois que les biens me viendront en dormant,
Puisque je vois déjà s’en enfler ma bedaine3,

Et hais tant le travail, que, les yeux entrouverts,
Une main hors des draps, cher Baudoin4, à peine
Ai-je pu me résoudre à t’écrire ces vers.

 

1. Don Quichotte : personnage de fiction alité dans le second tome de ses aventures
2. comte Palatin : titre de haut fonctionnaire
3. bedaine : ventre
4. Baudoin : ami du poète

 

Question

Identifier les types de rimes dans ce poème de Saint-Amant.

Versification : rimes masculines et féminines

Exercice : Versification : rimes masculines et féminines

 

Sonnet du recueil Mépris de la vie et consolation de la mort, Chassignet, 1594.

Qu’est-ce de votre vie ? une bouteille molle
Qui s’enfle dessus l’eau, quand le ciel fait pleuvoir
Et se perd aussitôt comme elle se fait voir,
S’entre-brisant à l’heurt1 d’une moindre bricole :

Qu’est-ce de votre vie ? un mensonge frivole
Qui sous ombre du vrai nous vient à décevoir,
Un songe qui n’a plus ni force, ni pouvoir,
Lors que l’œil au réveil sa paupière décolle :

Qu’est-ce de votre vie ? un tourbillon rouant2
De fumière à flot gris, parmi l’air se jouant,
Qui passe plus soudain que foudre meurtrière.

Puis vous négligerez dorénavant le bien
Durable, et permanent, pour un point, qui n’est rien
Qu’une confle3, un mensonge, un songe, une fumière.

 

1 heurt : choc à la rencontre d’un obstacle
2 rouant : battant violemment
3 confle : souffle

 

Question

Identifier les rimes masculines, et les rimes féminines, dans ce sonnet. Y a-t-il alternance ?

Versification : césures, coupes et hémistiches

Exercice : Versification : césures, coupes et hémistiches

 

Sonnets, Malherbe, 1608.

Beaux et grands bâtiments d’éternelle structure,
Superbes de matière, et d’ouvrages divers,
Où le plus digne roi qui soit en l’univers
Aux miracles de l’art fait céder la nature.

Beau parc, et beaux jardins, qui dans votre clôture,
Avez toujours des fleurs, et des ombrages verts,
Non sans quelque démon qui défend aux hivers
D’en effacer jamais l’agréable peinture.

Lieux qui donnez aux coeurs tant d’aimables désirs,
Bois, fontaines, canaux, si parmi vos plaisirs
Mon humeur est chagrine, et mon visage triste :

Ce n’est point qu’en effet vous n’ayez des appas,
Mais quoi que vous ayez, vous n’avez point Caliste :
Et moi je ne vois rien quand je ne la vois pas.

 

Questions

1. Placer les césures.

2. Identifier les hémistiches de la dernière strophe.

3. Placer les coupes, selon une prononciation personnelle du vers.

4. Observer le vers 13 : comment, selon la coupe, l’intention dans les mots du vers mis en évidence change légèrement ?

Savoir lire correctement un vers

Exercice : Savoir lire correctement un vers

 

« A Monseigneur le Dauphin », Fables, La Fontaine, 1668.

A Monseigneur le dauphin :

Je chante les héros dont Esope est le père, 
Troupe de qui l’histoire, encor que mensongère,
Contient des vérités qui servent de leçons.
Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons :
Ce qu’ils disent s’adresse à tous tant que nous sommes ;
Je me sers d’animaux pour instruire les hommes.
Illustre rejeton d’un prince aimé des cieux,
Sur qui le monde entier a maintenant les yeux,
Et qui faisant fléchir les plus superbes têtes,
Comptera désormais ses jours par ses conquêtes,
Quelque autre te dira d’une plus forte voix
Les faits de tes aïeux et les vertus des rois.
Je vais t’entretenir de moindres aventures,
Te tracer en ces vers de légères peintures ;
Et si de t’agréer je n’emporte le prix,
J’aurai du moins l’honneur de l’avoir entrepris.

 

Question

Relever les « e » en fin de mot qui se prononcent dans une couleur, et les « e » muets dans une autre, puis s’entraîner à la lecture en marquant bien le rythme de l’alexandrin (douze syllabes).

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