Exercices corrigés en vidéo

Identifier les caractéristiques du réalisme et naturalisme

Exercice : Identifier les caractéristiques du réalisme et naturalisme

 

Texte A : Balzac, avant-propos de La Comédie humaine, 1839-1856

  Le hasard est le plus grand romancier du monde : pour être fécond, il n’y a qu’à l’étudier. La société française allait être l’historien, je ne devais être que le secrétaire. En dressant l’inventaire des vices et des vertus, en rassemblant les principaux traits des passions, en peignant les caractères, en choisissant les événements principaux de la Société, en composant des types par la réunion des traits de plusieurs caractères homogènes, peut-être pouvais-je arriver à écrire l’histoire oubliée par tant d’historiens, celle ces mœurs. […] Ce travail n’était rien encore. S’en tenant à cette reproduction rigoureuse, un écrivain pouvait devenir un peintre plus ou moins fidèle, plus ou moins heureux, patient ou courageux, des types humains, le conteur des drames de la vie intime, le nomenclateur des professions, l’enregistreur du bien et du mal ; mais pour mériter les éloges que doit ambitionner tout artiste, ne devais-je pas étudier les raisons ou la raison de ces effets sociaux, surprendre le sens caché dans cet immense assemblage de figures, de passions et d’événements ?

 

Texte B : Emile Zola, La Fortune des Rougon, préface, 1871

  Je veux expliquer comment une famille, un petit groupe d’êtres, se comporte dans une société, en s’épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus, qui paraissent, au premier coup d’œil, profondément dissemblables, mais que l’analyse montre intimement liés les uns aux autres. L’hérédité a ses lois, comme la pesanteur.

  Je tâcherai de trouver et de suivre, en résolvant la double question des tempéraments et des milieux, le fil qui conduit mathématiquement d’un homme à un autre homme. Et quand je tiendrai tous les fils, quand j’aurai entre les mains tout un groupe social, je ferai voir ce groupe à l’œuvre, comme acteur d’une époque historique, je le créerai agissant dans la complexité de ses efforts, j’analyserai à la fois la somme de volonté de chacun de ses membres et la poussée générale de l’ensemble.

 

Questions

  1. Quel texte renvoie au réalisme ? Au naturalisme ?
  2. Quel est la méthode de l’écrivain réaliste ?
  3. Quels sont les composantes du naturalisme que l’on retrouve dans le texte de Zola ?

Identifier les temps de la narration et ses valeurs

Exercice : Identifier les temps de la narration et ses valeurs

 

Texte : Maupassant, Boule de Suif, 1880

Au bout de trois heures de route, Loiseau ramassa ses cartes : « Il fait faim », dit-il.

Alors sa femme atteignit un paquet ficelé d’où elle fit sortir un morceau de veau froid. Elle le découpa proprement par tranches minces et fermes, et tous deux se mirent à manger.

« Si nous en faisions autant », dit la comtesse. On y consentit et elle déballa les provisions préparées pour les deux ménages. C’était, dans un de ces vases allongés dont le couvercle porte un lièvre en faïence, pour indiquer qu’un lièvre en pâté gît au-dessous une charcuterie succulente, où de blanches rivières de lard traversaient la chair brune du gibier, mêlée à d’autres viandes hachées fin. Un beau carré de gruyère, apporté dans un journal, gardait imprimé « faits divers » sur sa pâte onctueuse.

 

Questions

  1. Identifier les temps de la narration dans cet extrait.
  2. Indiquer la valeur de chaque temps.

Identifier les points de vue, la focalisation

Exercice : Identifier les points de vue, la focalisation

 

Texte A : Marguerite Duras, L’Amant, 1984

L’homme élégant est descendu de la limousine, il fume une cigarette anglaise. Il regarde la jeune fille au feutre d’homme et aux chaussures d’or. Il vient vers elle lentement. C’est visible, il est intimidé. Il ne sourit pas tout d’abord. Tout d’abord il lui offre une cigarette.

Sa main tremble. Il y a cette différence de race, il n’est pas blanc, il doit la surmonter, c’est pourquoi il tremble. Elle lui dit qu’elle ne fume pas, non merci. Elle ne dit rien d’autre, elle ne lui dit pas laissez-moi tranquille. Alors il a moins peur. Alors il lui dit qu’il croit rêver. Elle ne répond pas.

 

Texte B : Stendhal,  La Chartreuse de Parme,  1839

Pendant ce temps, Fabrice montait les trois cent quatre-vingts marches qui conduisaient à la tour Farnèse, nouvelle prison bâtie sur la plate-forme de la grosse tour, à une élévation prodigieuse. Il ne songea pas une seule fois, distinctement du moins, au grand changement qui venait de s’opérer dans son sort. « Quel regard ! se disait-il ; que de choses il exprimait ! quelle profonde pitié ! Elle avait l’air de dire : la vie est un tel tissu de malheurs ! Ne vous affligez point trop de ce qui vous arrive ! est-ce que nous ne sommes point ici-bas pour être infortunés ? Comme ses yeux si beaux restaient attachés sur moi, même quand les chevaux s’avançaient avec tant de bruit sous la voûte ! »

Fabrice oubliait complètement d’être malheureux.

 

Texte C : Voltaire, Candide, 1759

Il y avait en Westphalie, dans le château de M. le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les moeurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement assez droit, avec l’esprit le plus simple ; c’est, je crois, pour cette raison qu’on le nommait Candide. Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu’il était fils de la soeur de monsieur le baron et d’un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu’il n’avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l’injure du temps.

 

Questions

  1. Identifier la focalisation dans l’extrait du texte de Marguerite Duras. Quel est l’effet produit ?
  2. Identifier la focalisation dans l’extrait du texte de Stendhal. Quel est l’effet produit ?
  3. Identifier la focalisation dans l’extrait du texte de Voltaire. Quel est l’effet produit ?

 

Identifier les formes du discours

Exercice : Identifier les formes du discours

 

Texte A

Le héros pénétra dans la salle et dit : « Me voilà rentré ! » 

Le héros pénétra dans l’auberge. Le patron leva les yeux sur lui. Le voilà qui était enfin rentré !

Le héros pénétra dans la salle et dit quil était rentré.

 

Question 

Associer chaque exemple à un type de discours existant.

 

Texte B : Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves, 1678

Quand ils commencèrent à danser, il s’éleva dans la salle un murmure de louanges. Le roi et les reines se souvinrent qu’ils ne s’étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître. Ils les appelèrent quand ils eurent fini sans leur donner le loisir de parler à personne et leur demandèrent s’ils n’avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient, et s’ils ne s’en doutaient point.

— Pour moi, madame, dit M. de Nemours, je n’ai pas d’incertitude ; mais comme Mme de Clèves n’a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis que celles que j’ai pour la reconnaître, je voudrais bien que Votre Majesté eût la bonté de lui apprendre mon nom.

 

Question 

Relever et identifier les formes du discours dans cet extrait.

Identifier les caractéristiques du Nouveau roman

Exercice : Identifier les caractéristiques du Nouveau roman

 

Texte : Alain Robbe-Grillet, Les Gommes, 1953

[Il s’agit de l’incipit du roman.]

  Dans la pénombre de la salle de café le patron dispose les tables et les chaises, les cendriers, les siphons d’eau gazeuse ; il est six heures du matin. Il n’a pas besoin de voir clair, il ne sait même pas ce qu’il fait. Il dort encore. De très anciennes lois règlent le détail de ses gestes, sauvés pour une fois du flottement des intentions humaines ; chaque seconde marque un pur mouvement : un pas de côté, la chaise à trente centimètres, trois coups de torchon, demi-tour à droite, deux pas en avant, chaque seconde marque, parfaite, égale, sans bavure. Trente et un. Trente-deux. Trente-trois. Trente-quatre. Trente-cinq. Trente-six. Trente-sept. Chaque seconde à sa place exacte. Bientôt malheureusement le temps ne sera plus le maître. Enveloppés de leur cerne d’erreur et de doute, les événements de cette journée, si minimes qu’ils puissent être, vont dans quelques instants commencer leur besogne, entamer progressivement l’ordonnance idéale, introduire çà et là, sournoisement, une inversion, un décalage, une confusion, une courbure, pour accomplir peu à peu leur œuvre : un jour, au début de l’hiver, sans plan, sans direction, incompréhensible et monstrueux. Mais il est encore trop tôt, la porte de la rue vient à peine d’être déverrouillée, l’unique personnage présent en scène n’a pas encore recouvré son existence propre. Il est l’heure où les douze chaises descendent doucement des tables de faux marbre où elles viennent de passer la nuit. Rien de plus. Un bras machinal remet en place le décor. Quand tout est prêt, la lumière s’allume… Un gros homme est là debout, le patron, cherchant à se reconnaître au milieu des tables et des chaises.

 

Questions

  1. Où est-il question du patron dans le texte ? A-t-il une identité précise ? Comment son action et ses intentions de personnage sont-ils considérés ?
  2. Quels sont les « autres personnages » du texte ? Repérez et analysez des citations du texte.
  3. En quoi la phrase suivante, tirée du milieu du texte, interroge-t-elle la notion d’intrigue ?

Enveloppés de leur cerne d’erreur et de doute, les événements de cette journée, si minimes qu’ils puissent être, vont dans quelques instants commencer leur besogne, entamer progressivement l’ordonnance idéale, introduire çà et là, sournoisement, une inversion, un décalage, une confusion, une courbure, pour accomplir peu à peu leur œuvre : un jour, au début de l’hiver, sans plan, sans direction, incompréhensible et monstrueux.

Identifier les caractéristiques du courant sensible

Exercice : Identifier les caractéristiques du courant sensible

 

Texte : Extrait de la seconde promenade, Rêveries du promeneur solitaire, Rousseau, 1782

Depuis quelques jours on avait achevé la vendange ; les promeneurs de la ville s’étaient déjà retirés ; les paysans aussi quittaient les champs jusqu’aux travaux d’hiver. La campagne encore verte et riante, mais défeuillée en partie et déjà presque déserte, offrait partout l’image de la solitude et des approches de l’hiver. Il résultait de son aspect un mélange d’impression douce et triste trop analogue à mon âge et à mon sort pour que je ne m’en fisse pas l’application. Je me voyais au déclin d’une vie innocente et infortunée, l’âme encore pleine de sentiments vivaces et l’esprit encore orné de quelques fleurs, mais déjà flétries par la tristesse et desséchées par les ennuis. Seul et délaissé, je sentais venir le froid des premières glaces, et mon imagination tarissante ne peuplait plus ma solitude d’êtres formés selon mon cœur. Je me disais en soupirant : « qu’ai-je fait ici-bas ? J’étais fait pour vivre, et je meurs sans avoir vécu. Au moins cela n’a pas été ma faute, et je porterai à l’auteur de mon être, sinon l’offrande des bonnes œuvres qu’on ne m’a pas laissé faire, du moins un tribut de bonnes intentions frustrées, de sentiments sains mais rendus sans effet, et d’une patience à l’épreuve des mépris des hommes. » Je m’attendrissais sur ces réflexions, je récapitulais les mouvements de mon âme dès ma jeunesse, et pendant mon âge mûr, et depuis qu’on m’a séquestré de la société des hommes, et durant la longue retraite dans laquelle je dois achever mes jours. Je revenais avec complaisance sur toutes les affections de mon cœur, sur ses attachements si tendres mais si aveugles, sur les idées moins tristes que consolantes dont mon esprit s’était nourri depuis quelques années, et je me préparais à les rappeler assez pour les décrire avec un plaisir presque égal à celui que j’avais pris à m’y livrer.

 

Questions

  1. Montrez, du début du texte jusqu’à « Je me disais en soupirant : », en vous appuyant sur des citations dans lesquelles vous aurez repérer des procédés, que la nature est le miroir de l’âme du poète.
  2. Montrez de « qu’ai-je fait ici-bas ? » à la fin du texte, en vous appuyant sur des citations et procédés, que le texte peint une réflexion intérieure sentimentale.

Identifier les caractéristiques de l'autobiographie

Exercice : Identifier les caractéristiques de l’autobiographie

 

Texte : Jean-Jacques Rousseau, préambule des Confessions (1765-1770) 

   Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi.[…]

   Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra ; je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement : voilà ce que j’ai fait, ce que j’ai pensé, ce que je fus. J’ai dit le bien et le mal avec la même franchise. Je n’ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon, et s’il m’est arrivé d’employer quelque ornement indifférent, ce n’a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire ; j’ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l’être, jamais ce que je savais être faux. Je me suis montré tel que je fus, méprisable et vil quand je l’ai été, bon, généreux, sublime, quand je l’ai été : j’ai dévoilé mon intérieur tel que tu l’as vu toi-même. Être éternel, rassemble autour de moi l’innombrable foule de mes semblables ; qu’ils écoutent mes confessions, qu’ils gémissent de mes indignités, qu’ils rougissent de mes misères.

 

Questions

  1. Relevez les éléments qui témoignent de la volonté de vérité chez Rousseau (mémoire, mensonge). À quoi cela renvoie-t-il dans le cours ?
  2. À qui s’adresse l’auteur ici ? Quel est l’effet produit ?

Identifier les fonctions de l'incipit

Exercice : Identifier les fonctions de l’incipit

 

Texte : Gustave Flaubert, L’Éducation sentimentale, 1869 (incipit)

  Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, la Ville-de-Montereau, près de partir, fumait à gros tourbillons devant le quai Saint-Bernard.

  Des gens arrivaient hors d’haleine ; des barriques, des câbles, des corbeilles de linge gênaient la circulation ; les matelots ne répondaient à personne ; on se heurtait ; les colis montaient entre les deux tambours, et le tapage s’absorbait dans le bruissement de la vapeur, qui, s’échappant par des plaques de tôle, enveloppait tout d’une nuée blanchâtre, tandis que la cloche, à l’avant, tintait sans discontinuer. […]

  Un jeune homme de dix-huit ans, à longs cheveux et qui tenait un album sous son bras, restait auprès du gouvernail, immobile. À travers le brouillard, il contemplait des clochers, des édifices dont il ne savait pas les noms ; puis il embrassa, dans un dernier coup d’œil, l’île Saint-Louis, la Cité, Notre-Dame ; et bientôt, Paris disparaissant, il poussa un grand soupir.

  Frédéric Moreau, nouvellement reçu bachelier, s’en retournait à Nogent-sur-Seine, où il devait languir pendant deux mois, avant d’aller faire son droit. Sa mère, avec la somme indispensable, l’avait envoyé au Havre voir un oncle, dont elle espérait, pour lui, l’héritage ; il en était revenu la veille seulement ; et il se dédommageait de ne pouvoir séjourner dans la capitale, en regagnant sa province par la route la plus longue.

 

Question

1. En quoi cet extrait remplit-il les fonctions traditionnelles de l’incipit ? Repérez dans le texte les éléments qui correspondent aux attentes :

• Cadre Spatio-temporel

• Personnages

• Intrigue

2. Quels sont les choix narratifs propres à l’incipit faits par Flaubert ?

 

 

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