L'énoncé
La porte claque derrière elle.
Question 1
Quelle est la situation d'énonciation ?
Dans cet extrait, deux personnages se parlent : Solange et Claire. Les deux soeurs et domestiques dialoguent sur leurs inquiétudes concernant le déroulé de leur plan - qui est de tuer Madame, leur patronne. Dans un premier temps, Claire opère une tirade dans laquelle elle joue son rôle avec sarcasme. Puis, sa soeur Solange enrichit le dialogue, qui va augmenter en tension et en rythme grâce aux échanges brefs et sanglants des deux soeurs :
Question 2
Qu'est-ce que les didascalies indiquent ?
Elles indiquent les déplacements des personnages et plus précisément leur sortie et entrée. En effet, l'extrait commence par la sortie de Madame et par l'arrivée de Solange dans la pièce. Ces indications scéniques jouent le rôle de metteur en scène. Elles ne présentent rien de psychologique. Elles sont brutes et directives. En cela, elle disent quelque chose de la vision théâtrale de l'auteur.
Question 3
Quel est le thème principal de l'extrait ? Justifier.
Le thème principal de l'extrait est celui de la trahison. En effet, tout au long du texte, les deux soeurs ne cessent de répéter que les mots et les objets les ont abandonnées et trahies auprès de Madame. Ce sont eux qui vont nourrir les soupçons de Madame et qui vont ainsi faire périr leur projet de meurtre. De ce fait, le champ lexical de la trahison des objets et des mots est présent tout au long de l'extrait :
"J'ai voulu retenir les mots", "les objets nous abandonnent","Ils ne font que cela. Ils nous trahissent. Et il faut que nous soyons de bien grands coupables pour qu'ils nous accusent avec un tel acharnement. Je les ai vus sur le point de tout dévoiler à Madame. Après le téléphone c'était à nos lèvres de nous trahir."
Ainsi, les objets trahissent les deux soeurs, ils constituent presque des êtres humains dont l'identité ne serait liée qu'à la trahison. En effet, les objets ne sont convoqués que dans ce sens là. Ils trahissent et révèlent au grand jour la vérité. En somme, les objets sont plus humains que les êtres humains eux-mêmes. Ils agissent et disent autant qu'eux.
Les objets ont une place importante dans cet extrait
Question 4
Quelle figure de style est employée dans la première réplique de Claire ? Qu'est-ce que cela souligne ?
La première tirade de Claire ne cesse de faire appel à l'anaphore de la conjonction de coordination "car" : "Car Madame est bonne" est répété trois fois. Cette anaphore souligne le sarcasme de Claire lorsqu'elle dit cela. Elle ne pense en rien que Madame est bonne, bien au contraire. Cette répétition met également en avant l'urgence folle dans laquelle Claire se trouve. La situation dans laquelle les deux soeurs sont prisonnières lui font perdre la raison et le calme. Ainsi, cette anaphore montre ici la haine et l'urgence de Claire.
Question 5
Qu'entend-on derrière l'utilisation du mot "Madame" ?
Tout au long de la pièce, la patronne n'est nommée qu'à travers son statut hiérarchique et social "Madame". Elle ne semble posséder ni prénom, ni nom. Elle n'est qu'une maîtresse de maison. Or, il y a un certain flou à travers ce "Madame", qui donne l'impression que cette femme n'a pas d'identité propre, qu'elle ne se définit que par un statut social. "Madame" n'existe que dans un rapport de dominant/dominé. Elle est totalement déshumanisée par ce "Madame". La scène dévoilent des objets plus humains que les humains eux-mêmes. En somme, "Madame" est réduite à un état d'objet.