Un embrasement mondial et ses grandes étapes

La Première Guerre mondiale : un embrasement mondial et ses grandes étapes

La Première Guerre mondiale, de 1914 à 1918, fait 10 millions de morts. C’est un conflit terrible qui marque un nouvel âge de la guerre.

 

I. Causes de la guerre

 

A. Des buts de guerre ?

Nous pouvons nous demander ce qui a amené l’Europe à la guerre, puisqu’avant d’être une guerre mondiale, ce fut une guerre européenne. Il existe des tensions entre les grands États européens, qui ne sont pas dans une relation de cordialité comme aujourd’hui à l’intérieur de l’UE mais qui sont extrêmement rivaux au plan économique, commercial et colonial. C’est l’époque de l’achèvement de la conquête coloniale et les pays qui sont les derniers arrivés dans cette compétition pour les derniers territoires coloniaux comme l’Allemagne et l’Italie sont frustrés de ne pas avoir plus de colonies et le font savoir.

Un deuxième élément fondamental est la question des identités nationales qui ont du mal à s’exprimer dans les empires multinationaux, en particulier dans l’Empire d’Autriche-Hongrie qui est une mosaïque de peuples, dont beaucoup aspirent à l’indépendance. Cette question de nationalité était centrale au XIXe siècle et elle s’exaspère avant la Première Guerre mondiale. Elle met en jeu l’attitude des pays libéraux, comme la France et l’Angleterre, par rapport aux revendications nationales : faut-il ou non les soutenir ? Il y a donc une ambiance propice à la guerre mais qui n’explique pas le basculement vers un conflit terrible.

 

B. L’enchaînement fatal

Cet enchaînement fatal est expliqué, entre autre, par l’historien Christopher Clark dans son livre Les Somnambules. Les somnambules représentent les diplomates européens, les chefs de gouvernement qui, comme s’ils étaient en train de dormir tout en marchant, ne se rendent pas compte que les complications diplomatiques des mois précédant la guerre amènent directement au conflit. Ce qui est frappant à la lecture de ce livre, c’est qu’en 1913-1914, il est impossible de mettre tous les diplomates européens et les dirigeants européens autour d’une même table pour éviter la guerre. C’est cette diplomatie secrète, bilatérale où l’on s’adresse à l’Autriche qui s’adresse ensuite à l’Allemagne, celle-ci s’adressant à la Russie, qui complique le jeu diplomatique. Elle provoque parfois des incompréhensions et amène, après l’attentat de Sarajevo, qui n’est que l’étincelle mettant le feu au poudre, au déclenchement du conflit à l’été 1914.

 

II. Extension du conflit et changement de nature

 

A. Guerre de mouvement, guerre de position

La Première Guerre mondiale commence de manière classique par une guerre de mouvement. C’est dans cette phase de mouvement que la guerre est la plus meurtrière. Au bout de quelques mois, les armées sont immobilisées et on entre dans une guerre de position. Cette guerre de position se caractérise par l’occupation des tranchées, qui sont le cadre de vie et de combat du soldat pendant quatre ans.

 

B. De nombreux théâtres d’opération

On doit insister sur la multiplicité des théâtres d’opérations. Nous avons tendance à voir la Première Guerre mondiale comme un affrontement entre les Franco-Britanniques d’un côté et les Allemands de l’autre. Il faut prendre en compte d’autres fronts. Le front austro-serbe, puis le front austro-italien. En effet, c’est là que la guerre démarre lorsque l’Autriche déclare la guerre à la Serbie en juillet 1914. Il faut aussi mentionner le front entre l’Allemagne et l’Empire russe avec notamment la victoire allemande (la bataille de Tannenberg) en août 1914 qui est un peu l’équivalent de la victoire de la Marne pour les Occidentaux puisque c’est une bataille qui fixe le front pendant un temps très long.

Enfin, mentionnons les détroits, notamment les détroits de Dardanelles. Ce sont des enjeux géopolitiques considérables qui mettent en jeu l’Empire Ottoman, allié de l’Allemagne, ainsi que la Russie qui cherche l’accès à ces détroits, et l’Angleterre qui est aussi très active dans cette région. On voit ainsi que cette guerre est véritablement européenne.

 

C. Une guerre mondiale

Nous avons souvent l’impression que le terme de « guerre mondiale » est quelque peu excessif en ce qui concerne la Première Guerre mondiale. Effectivement, il est difficile de trouver un planisphère de la Première Guerre mondiale.

Premier élément : les possessions coloniales de l’Allemagne, notamment en Asie, sont mises en péril par les Alliés asiatiques, notamment la Chine et le Japon de l’Alliance, c’est-à-dire de cet ensemble de pays qui combattent contre l’Allemagne pendant la Première Guerre mondiale.

Deuxième élément : la guerre navale. La guerre sous-marine permet d’intervenir loin de ses bases de départ et il y a un certain nombre de manifestations au large de l’Amérique du Sud.

Troisième élément : cette guerre est mondiale parce qu’elle implique les soldats coloniaux qui n’ont pas le choix et qui doivent combattre sur les terres européennes.

Enfin, cette guerre devient véritablement mondiale à partir du moment où les États-Unis y entrent, donc après avril 1917. Toutefois, les Nord-Américains mettront un certain temps à mettre les pieds en Europe.

 

III. Le tournant de 1917 et la fin du conflit

 

A. Effondrement de l’Empire russe

Ce sont les révolutions russes qui marquent le tournant de la guerre. D’abord, il y a la révolution russe de février 1917 qui met un terme au pouvoir du tsar de Russie, Nicolas II, puis la révolution bolchevique d’octobre 1917 dont l’un des mots d’ordre est de sortir de la guerre, ce que la Russie fera en mars 1918 après avoir signée un traité de paix très dur avec l’Allemagne. D’un point de vue stratégique, c’est extrêmement important puisque l’Allemagne est libérée de ce front immobilisant qu’elle devait subir à l’Est.

En mars 1918, l’Allemagne reprend la guerre de mouvement à l’ouest, une dernière offensive pour essayer de balayer la Triple-Entente, c’est-à-dire l’alliance de l’Angleterre, de la France et de la Russie, même si la Russie ne fait plus partie de la guerre. Cette dernière offensive allemande est un échec et la guerre se termine ainsi.

 

B. Une victoire à la Pyrrhus

On peut parler de victoire à la Pyrrhus, un roi macédonien qui, au troisième siècle avant Jésus-Christ, a payé ses victoires militaires de pertes énormes qui ont décimé son armée. Or, cette guerre, si c’est une victoire pour l’Entente, c’est une victoire à un prix considérable : 10 millions de morts, avec un 1,4 million du côté français et 2 millions du côté allemand. Cette guerre laisse des traces terribles dans les sociétés, qu’elles soient vainqueurs ou vaincus. En France, c’est une prédominance du pacifisme auquel on a affaire dans la période de l’entre-deux guerres. Des frustrations du côté des vaincus, l’Allemagne, mais aussi des vainqueurs, l’Italie, se font sentir au cours des années 1920.

Il faut toujours tenir compte de la Russie, devenue l’URSS en 1922 et qui après l’installation d’un cordon sanitaire, quand on est sûr que la révolution bolchévique ne va pas aller au-delà de ces frontières, demeure une menace pour les démocraties libérales d’Europe.

Tu veux réviser 2x plus vite ?

Découvre les offres des Bons Profs avec :