Les espaces de production dans le monde : une diversité croissante

Les espaces de production dans le monde : une diversité croissante

I. Une nouvelle géographie mondiale des espaces productifs

 

A. Effets de la mondialisation

On envisage une nouvelle géographie des espaces productifs. Pourquoi nouvelle ? Parce qu’aujourd’hui, les espaces productifs sont dépendants de l’inévitable mondialisation, très effective depuis une trentaine d’années dans le monde. Elle a considérablement affecté la géographie de ces espaces productifs.

La mondialisation est la mise en relation des territoires par des flux de différentes natures. C’est la mise en relation de ces espaces productifs.

Qu’est-ce qu’un espace productif ? C’est un lieu, certes produit, comme son nom l’indique, mais qui est aussi à l’origine de la circulation des marchandises produites, voire de leur consommation. Ces espaces productifs mettent en jeu des facteurs et des acteurs.

L’effet principal de la mondialisation est une augmentation considérable des mouvements du commerce mondial depuis les années 1950. Cette augmentation est parallèle à la baisse des tarifs douaniers. C’est parce qu’aujourd’hui, sous le règne du libre-échange, les marchandises circulent beaucoup mieux.

 

B. La DIPP

Au cœurs de ces espaces productifs, il y a la DIPP (Division internationale du processus productif). La DIPP consiste à attribuer, à chaque territoire productif dans le monde, la tâche dans laquelle il excelle le mieux. Ainsi, en caricaturant, on aurait dans les Nords plutôt des activités de conception, des activités de haut niveau et dans les Suds, plutôt des activités de fabrication. Les Suds mettent alors en avant leurs avantages comparatifs, qui sont en général, des avantages en terme de coût de main d’œuvre. On constate une compétition entre les Suds. Certains Suds qui étaient très attractifs en raison du coût de leur main d’œuvre, par exemple en Asie, laissent la place aujourd’hui à des territoires qui sont moins développés et où la main d’œuvre coûtent moins cher, comme en Afrique.

Cette DIPP est à mettre en relation avec la chaîne de valeur ajoutée, c’est-à-dire qu’on voit toutes les étapes de fabrication d’un objet, d’une production industrielle quelle qu’elle soit. On constate que les bénéfices de cette production sont très inégalement répartis. Par exemple quand on achète un iPhone, plus de la moitié du produit de cette vente revient à l’entreprise Apple. Par contre, les fabricants notamment d’Asie, sont très peu rémunérés pour leur travail. On constate que cette division internationale du travail est très bénéfique aux donneurs d’ordre, aux entreprises qui conçoivent les marchandises.

 

C. La « déterritorialisation » des économies

De quoi s’agit-il ? Jadis, les économies, les productions étaient très dépendantes du milieu dans lequel elles s’exerçaient. À l’ère des productions agricoles, c’est la terre qui comptait. À l’ère de la production minière, de la production industrielle, des révolutions industrielles, les sites de production étaient à proximité des mines, à proximité des ressources. Aujourd’hui, c’est beaucoup moins vrai car nos économies sont plus immatérielles et tertiarisées. Les sites de production n’ont pas besoin d’être à proximité des ressources. De ce point de vu, on voit que les métropoles sont les grandes gagnantes de cette nouvelle géographie. Ce qui compte aujourd’hui, dans des économies où la péri-production (tout ce qui est autour de la production de l’objet comme le marketing et/ou le numérique) a pris une importance considérable, c’est principalement la localisation des espaces productifs, à proximité des réseaux de transport.

Les espaces productifs sont organisés en réseau, c’est-à-dire en un système hiérarchisé avec des centres donneurs d’ordres et des périphéries, qui sont plutôt des périphéries productives fabricantes.

 

II. Des acteurs

 

A. Les FTN

Les firmes transnationales sont très importantes. En effet, elles sont au cœur de la DIPP. Ces firmes multinationales sont au nombre de cent mille aujourd’hui, dans le monde. Elles contrôlent environ un million de filiales. Une FTN est une société qui a des filiales, des unités de fabrication hors de son pays d’origine. Les FTN pèsent très lourd : beaucoup présentent des chiffres d’affaire supérieurs au PNB de certains États moyens. Surtout, elles organisent le commerce mondial, notamment à travers le commerce intra-firmes, c’est-à-dire les échanges qui se font entre les filiales d’une même firme transnationale et qui gonflent considérablement et un peu de façon artificielle, les volumes du commerce mondial.

 

B. Rôle des États

Les États procèdent à une double valorisation. D’une part, ils essaient de valoriser leurs territoires dans la compétition économique internationale. Ils favorisent, par exemple, les investissements, et ils créent des conditions favorables pour des producteurs étrangers. Ils essaient aussi de valoriser leurs propres territoires, à une autre échelle, et de mettre en avant certains espaces de production. Les États ont donc un rôle double : protecteur de certains espaces productifs nationaux face à la mondialisation mais aussi promoteur de la mondialisation. Enfin, il faut évoquer le rôle des États dans les grandes organisations régionales, comme l’Union européenne, comme les unions douanières qui jouent un rôle important dans la définition de ces espaces productifs.

 

C. Autres acteurs

Concernant les autres acteurs, on parle souvent des organisations non-gouvernementales. Elles ont, pourtant, un rôle limité dans les espaces productifs, sauf à considérer les efforts du commerce équitable.

Cela nous amène alors à considérer les producteurs comme des acteurs fondamentaux des espaces productifs. Ces producteurs peuvent être indépendants ou sous la domination des grands systèmes qui nous avons évoqués. Les consommateurs sont aussi des acteurs, par ce qu’ils achètent, de cette logique des espaces productifs.

 

III. Une hiérarchisation des espaces productifs

 

Il apparaît que ces espaces productifs sont bien organisés, donc hiérarchisés à différentes échelles.

Pour rappel, en géographie, l’approche pluriscalaire d’un phénomène géographique, c’est-à-dire l’approche à plusieurs échelles, est absolument essentiel. Quelle que soit la question étudiée dans le programme, il est recommandé de raisonner à l’échelle mondiale, régionale puis locale ou l’inverse puisqu’on peut aussi commencer par l’échelle locale.

 

A. À l’échelle mondiale

Il y a une division importante entre les Nords et les Suds dans cette organisation des espaces productifs. De façon très schématique, on peut dire que les Nords sont des lieux donneurs d’ordres, de conception, de direction même s’il y a aussi des espaces de fabrication. Les Suds sont, avant tout, des lieux de délocalisation, de production, de fabrication, même s’il y a aussi des lieux de commandement dans les Suds.

 

B. À l’échelle nationale / régionale

Dans un espace national, la France ou les États-Unis par exemple, les lieux ne sont pas pareillement productifs. Aujourd’hui, ce sont surtout les métropoles, organisées dans l’Archipel métropolitain mondial, qui sont particulièrement actives en matière de production.

En effet, ces métropoles concentrent les activités de commandement, ce sont les sièges sociaux des grandes firmes transnationales qui s’y trouvent. Elles concentrent aussi les activités de conception, de communication et de recherche. Ce sont donc des lieux décisifs.

Dans les Suds, les espaces privilégiés sont les espaces non enclavés, c’est-à-dire qui ont un accès au littoral et aux échanges internationaux. Ce sont aussi les espaces valorisés pour leurs ressources propres, si ce sont, par exemple, des ressources minières même si ces ressources ne sont pas toujours exploitées par les pays du Sud eux-mêmes.

 

C. À l’échelle locale

Enfin, à l’échelle locale, nous pouvons nous interroger sur ce qu’est un espace productif. Nous pouvons prendre l’exemple de la Silicon Valley, en Californie où il y a un cluster, c’est-à-dire un technopôle (on considère d’ailleurs que la Silicon Valley est le modèle des technopôles), un espace qui allie recherche, financement, et production. Le cluster implique aussi une quantité d’entreprises qui exercent dans le même domaine et qui travaillent en synergie, qui sont complémentaires.

L’examen de la Silicon Valley permet de comprendre l’articulation entre le local (il y a un espace productif dense et puissant avec des concentrations de chiffre d’affaire et de qualification élevés) et le mondial puisque les productions qui sont pensées dans la Silicon Valley se retrouvent ensuite partout avec des unités de fabrication dans le monde entier.

 

Conclusion

 

Nous pouvons affirmer qu’il y a, aujourd’hui dans le monde, une grande diversité des espaces productifs. Il faut bien retenir que ces espaces sont, d’une part, complémentaires, et d’autre part, hiérarchisés.

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