Comment se construisent et évoluent les liens sociaux ?

Comment les individus s'associent-ils pour former des groupes sociaux ?

Au programme, il y a la notion de groupe social avec la question de leur dynamique et de leur fonctionnement. Un groupe social est un ensemble de personnes, qui peuvent se connaître ou non, partageant au moins un critère d’appartenance commun, comme des valeurs, des conditions d’existence, etc., qui peuvent être nommés et perçus comme un groupe social par l’ensemble de la société.

 

I. Groupes primaires et groupes secondaires

 

On distingue en général les groupes primaires, qui sont des groupes de petite taille dans lesquels tous les membres se connaissent (comme une famille ou une classe), des groupes secondaires dans lesquels les individus ont un critère d’appartenance commun mais sans nécessairement se connaître (comme un parti politique ou un groupe de supporters). Ils ne se connaissent pas tous mais partagent des valeurs, une passion, ou des conditions d’existence similaires. Ce sont des groupes de socialisation.

On peut appartenir simultanément à plusieurs groupes. On peut être un élève de la classe de 1re ES 4, en même temps qu’un membre d’un club de foot, qu’un enfant dans une famille, etc. Tous ces groupes nous apportent des normes et des valeurs et contribuent à notre socialisation.

 

II. Groupes d’appartenance et groupes de référence

 

Quand on parle de groupes sociaux, on distingue aussi les groupes d’appartenance et les groupes de référence.

Le groupe d’appartenance est celui auquel appartient un individu et qui définit le rôle qu’on lui attribue. Si un individu est un élève de Première, on attend de lui qu’il soit assidu, ponctuel, qu’il travaille, etc. Le groupe d’appartenance définit le rôle qu’attend la société d’un individu. Il peut en avoir plusieurs puisqu’il peut avoir plusieurs groupes d’appartenance.

Le groupe de référence définit le groupe auquel l’individu souhaite appartenir. Si un élève de Première souhaite être joueur de foot ou acteur au cinéma, il va adopter les comportements de ces groupes de référence ou qu’il associe à ce groupe de référence, par exemple porter un maillot de foot. On parle de socialisation anticipatrice pour décrire le fait d’adopter des comportements qui ne sont pas de notre groupe d’appartenance mais que l’on attribue au groupe auquel on se réfère, c’est-à-dire au groupe auquel on souhaite appartenir. 

Les différentes formes de solidarité

Au sein de la société, il y a différentes interactions entre les individus. Ces individus sont unis par différents liens sociaux, familiaux, professionnels, etc. Il y a aussi de la solidarité qui peut se définir comme étant le sentiment de responsabilité de dépendance réciproque au sein d’un groupe d’individus. Or, une société connaît des mutations. Au sein des sociétés modernes, voire post-modernes, ces mutations ont-elles un impact sur la solidarité ?

 

I. Les conséquences des mutations de la société

 

Les sociétés actuelles connaissent un processus d’individualisation. Il peut se définir comme étant le processus de développement de l’autonomie relative de l’individu en société. Autrement dit, l’action de l’individu dépendrait moins des normes établies par la société. Il aurait davantage de capacité d’action et de marges de manœuvre, plus d’autonomie.

On peut donner l’exemple du rapport du citoyen à la politique. On pourra dire qu’il s’intéresserait moins à la chose publique. Cela est marqué à travers la baisse de la pratique politique conventionnelle, le vote. Il y a un désengagement politique à travers une abstention grandissante pour la plupart des élections. Il y a une baisse du taux de syndicalisation et une faible partie de la population est encartée dans un parti ou milite au sein d’organisations politiques.

Cette mutation ne remet pas en cause toutes les formes de solidarité. Les études montrent que les solidarités familiales sont extrêmement fortes, sous forme de soutien financier, de soutien affectif.

 

II. Une solidarité propre à chaque type de société

 

Le concept de solidarité est plus complexe à comprendre. A cet égard, Émile Durkheim, le fondateur de la sociologie, a forgé des types de solidarités propres à chaque type de société :

 

Les sociétés traditionnelles 

La solidarité y est mécanique. Dans ce type de société, la conscience collective l’emporte sur la conscience individuelle. Les individus ont peu de marge de manœuvre. Émile Durkheim dit que l’individu ne s’appartient pas. Le poids des rites et des traditions, de la religion, est extrêmement important et guide l’action des individus. Le droit est répressif et la division du travail social est faible. Les individus occupent les mêmes emplois, ils sont substituables. Les individus sont similaires, ils se ressemblent et c’est là qu’ils sont solidaires. En appartenant au groupe, ils s’intègrent en société.

 

Les sociétés modernes 

Dans la France actuelle, la conscience individuelle l’emporte sur la conscience collective. L’individu s’émancipe, du fait du développement de l’individualisme. Le poids de la religion ou d’autres normes et rites traditionnels est évidemment dominant. La division du travail social est plus forte : les individus occupent des métiers qui ne se ressemblent pas. Ils sont complémentaires, interdépendants. Le droit est restitutif. La société s’affirme parce que les individus sont interdépendants.

 

Si on compare société traditionnelle et société moderne, il y a transformation de la solidarité et non pas disparition.

Les facteurs d'affaiblissement ou de rupture de liens sociaux

Dans la société, les individus tissent différents liens sociaux, pouvant se définir comme étant l’ensemble des liens qui relient les individus à d’autres individus ou à des groupes d’individus. Pour parler d’intégration ou d’exclusion d’une personne, il faut à la fois être attentif à la quantité de ces liens, leur nombre, mais aussi à la qualité de ces liens, leur force.

 

I. Les différents types de liens sociaux

 

Le sociologue Serge Paugam distingue quatre types de liens sociaux :

– Lien de filiation : lien que l’on a avec ses enfants ou avec ses parents.

– Lien de participation élective : liens sociaux librement choisis envers des personnes que l’on souhaite fréquenter, comme le conjoint, les amis, etc.

– Lien de participation organique : fait référence au monde du travail, lorsque l’on travaille, lorsqu’on est lié avec des collègues, etc.

– Lien de citoyenneté : fait référence à une appartenance politique, à une communauté politique.

Ces quatre liens apportent à l’individu de la protection mais aussi de la reconnaissance.

Il est difficile de savoir si une personne est intégrée, car il y a différentes situations. Une personne est très intégrée lorsque ces différents liens sont très forts. Une personne est menacée d’exclusion sociale lorsque ces différents liens sont assez faibles. Il y a des situations intermédiaires. Par exemple, on peut rencontrer une personne qui entretient de bonnes relations avec sa famille, qui a de bonnes relations avec son conjoint mais qui, dans son travail, a une situation instable. Ces liens s’entrecroisent. L’effritement d’un de ces liens peut entraîner l’affaiblissement, l’effritement des autres liens.

 

II. Qu’est-ce qui semble déliter les liens sociaux aujourd’hui ?

 

Les sociologues montrent qu’il y a différents phénomènes qui menacent l’intégration sociale des individus, car cela menace leurs liens sociaux :

– La montée de l’insécurité sociale : elle est marquée par une augmentation du chômage mais aussi de la précarisation de l’emploi.

– Les différentes formes de mépris : comme la menace de l’intégrité physique, l’exclusion juridique de certaines personnes qui ne font pas valoir leurs droits ou encore le processus de stigmatisation qui vise à juger négativement des individus ou des groupes d’individus.

 

III. Le processus de délitement des liens sociaux

 

Pour comprendre le processus de délitement des liens sociaux, il convient d’analyser au cas par cas en fonction de chaque liens présentés, les différents facteurs de l’affaiblissement de rupture de liens sociaux correspondant à chaque lien social.

 

A. Lien filial

Il y a des situations qui rendent parfois compliquées les relations entre les enfants et les parents. Soit c’est un rejet des parents envers les enfants. Soit c’est un rejet des enfants envers les parents. Cela peut concerner l’individu très tôt dans l’enfance mais cela peut surgir plus tard. Différents événements peuvent avoir lieu et entraîner des complications pour ce type de lien, comme un déficit d’éducation, d’autorité ou un problème familial mal géré et qui peut surgir plus tard.

Le manque de reconnaissance lié à cela est évidemment le sentiment de ne pas ou de ne plus compter pour sa famille, et la mésentente peut être durable.

 

B. Lien de participation élective

Les relations dans les sociétés modernes se font et se défont facilement. Par rapport au conjoint ou à des amis, une rupture peut être douloureuse. On peut se remettre en question et être touché.  Mais, les ruptures peuvent être annonciatrices d’une libération pour l’individu.

En termes de protection, on peut avoir quand-même un isolement relationnel. En termes de reconnaissance, on peut se sentir trahi, abandonné ou rejeté. Des études montrent que la rupture conjugale est le déclenchement de l’entrée dans une carrière de disqualification sociale pour un individu.

 

C. Lien de participation organique

La rupture par rapport au marché du travail, lorsqu’on est au chômage de longue durée, peut entraîner une augmentation de la pauvreté, une baisse du pouvoir d’achat mais développer aussi un sentiment d’inutilité chez l’individu.

Concernant la précarité au travail, il y a différentes situations. Par exemple, si l’individu n’a pas de contrat stable mais qu’il aime son métier, on a une intégration incertaine. S’il n’aime pas son métier, mais qu’il a un emploi stable, l’intégration est dite disqualifiante. Enfin une personne qui n’a pas de contrat stable et qui n’aime pas ce qu’elle fait est fortement menacée d’exclusion.

En termes de manque de reconnaissance, on a une humiliation sociale et un sentiment d’inutilité qui se développent en particulier chez les chômeurs de longue durée.

 

D. Lien de citoyenneté

Le défaut de lien de citoyenneté, en rapport avec l’appartenance à la communauté, concerne les personnes en manque d’intégration, qui sont éloignées des circuits administratifs. Par exemple, des étrangers qui peinent à avoir des papiers, à faire reconnaître certains droits. C’est aussi le cas des personnes sans domicile fixe qui sont éloignées des circuits administratifs.

Lorsque le principe d’égalité des droits n’est pas respecté, à travers les personnes victimes de discrimination, le lien de citoyenneté peut se déliter. Dans cette situation, on a la non-reconnaissance de certains droits politiques, sociaux et civils pour l’individu et le sentiment d’avoir été victime de discriminations pour certaines personnes.

 

Tous ces liens s’entrecroisent et les sociologues s’intéressent aussi au processus de rupture cumulative de ces différents liens. A cet égard, le processus dit de disqualification sociale forgé par Serge Paugam et de désaffiliation sociale forgé par Robert Castel constituent des exemples importants.

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