Le modèle Clausewitzien de la guerre

Le modèle clausewitzien de la guerre

On s’intéresse spécifiquement à la guerre, définie comme un conflit armé qui génère un déchaînement de violence, des destructions psychologiques et une forte mortalité. Pour Clausewitz, il y a une montée aux extrêmes qui révolutionne la pensée stratégique. Toutefois, Clausewitz n’a pas fait une grande carrière. Il a écrit le plus grand traité de stratégie militaire qui a révolutionné l’approche de la guerre au XIXe siècle : De la guerre.

Quelles sont les caractéristiques du modèle de Clausewitz et en quoi change-t-il complètement l’approche stratégique militaire ?

 

I. Un nouvel âge des guerres

 

Clausewitz est né en 1780, mort en 1831 et vit un grand bouleversement dans l’art de la guerre, porté par les guerres de la Révolution française et des guerres napoléoniennes. À cet égard, Napoléon Bonaparte a beaucoup influencé Clausewitz, qu’il décrit comme un personnage ayant révolutionné la stratégie militaire. Ces nouvelles guerres sont la préfiguration des guerres totales du XXe siècle.

Clausewitz le décrit en s’appuyant sur la bataille de Valmy en pleine guerre révolutionnaire. La bataille de Valmy, en septembre 1792, s’inscrit dans le cadre d’une guerre qui n’a plus de ressorts véritablement politiques mais des ressorts idéologiques. Les guerres révolutionnaires sont des guerres d’anéantissement. D’un côté se trouvent les armées françaises, des armées de citoyens qui forment la Nation en arme qui se bat pour ses valeurs et la République, face aux monarchies européennes qui incarnent une autre idéologie.

Clausewitz explique que les nouveaux types de guerre recherchent la destruction et l’anéantissement. Au-delà de la victoire, il s’agit de terrasser l’ennemi et de le détruire. Une citation de De la guerre résume cette nouvelle époque : « La guerre du temps présent est à la guerre de tous contre tous » ; « le temps de la guerre des rois contre les rois, des armées contre les armées est dépassé, désormais, c’est la guerre de tout un peuple contre tout un peuple ».

 

II. La révolution stratégique

 

Dans ce nouveau contexte guerrier, la réflexion de Clausewitz constitue une sorte de révolution stratégique. Jean-Vincent Holeindre dans La Ruse et la Force (2017), présente la pensée de Clausewitz comme une révolution de la force. Chez Clausewitz, la stratégie l’emporte désormais sur la tactique.

– La stratégie représente la grande guerre d’une manière générale, par exemple savoir comment on déplace les armées.

– La tactique est la manière de combattre sur le champ de bataille proprement dit, lorsque les différentes unités s’affrontent.

Pour lui, l’important repose dans la stratégie d’ensemble alors que la tactique ne doit être qu’une adaptation de la stratégie. Il oppose donc la grande guerre à la petite guerre. L’emploi de la force est déterminant dans la grande guerre, au détriment de la ruse.

Jusqu’alors, la tactique dominait mais désormais la référence devient la concentration des forces en des points localisés et détruire l’ennemi par un effet de supériorité numérique qui est également une supériorité morale.

De fait, pour Clausewitz, la guerre est aussi un duel des volontés où la force morale joue énormément. Celle-ci est plus importante dans une armée de citoyens qui sont portés par une idéologie et des valeurs communes. Ainsi, Clausewitz inverse les priorités. La stratégie d’ensemble repose sur la force qui l’emporte sur la tactique qui est l’implication de la ruse.

L’art de la guerre se trouve donc complètement transformé. Lorsqu’une armée entre dans un conflit, il y a trois grandes spécificités qui permettent de remporter la guerre :

Déterminer s’il s’agit d’une guerre absolue menant à la destruction totale ou une guerre limitée.

– Fixer les objectifs politiques. Clausewitz rappelle que la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. Il faut donc contraindre l’ennemi.

– Rechercher la concentration maximale de la force pour démoraliser l’ennemi et l’écraser.

 

III. L’ambivalence de la guerre

 

Finalement, le phénomène guerrier est ambivalent. Cette ambivalence réside dans une nouvelle articulation du militaire au politique. D’un côté la guerre est un fait militaire marqué à partir du XIXe siècle par un phénomène guerrier qui se déchaîne. Il s’agit d’un duel à grande échelle avec une forte violence et une mortalité de masse pour obtenir la décision. D’un autre côté il s’agit aussi de faire de la politique et de solder les comptes sur le plan diplomatique. Par ces objectifs, la guerre doit ramener à la paix. Il y a donc des moyens militaires qui justifient une fin politique.

Le fait militaire est une dimension de la politique. Dans la géopolitique, la composante militaire est déterminante au cours du XIXe et du XXe siècle. Mais depuis la fin de la Guerre froide les relations géopolitiques ne peuvent plus être limitée à une sorte d’État gladiateur avec une définition clausewitzienne des relations, mais plutôt par une définition non-militaire de la puissance.

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