Faire la paix par des traités – Westphalie

Faire la paix par des traités - Westphalie

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les grands traités de paix internationaux sont devenus minoritaires.

I. Une première diplomatique

Les traités de Westphalie (1648) constituent un grand changement sur le plan diplomatique et géopolitique. Il s’agit du premier grand traité de paix interétatique. Au-delà, ils déterminent un nouvel ordre international reposant sur la souveraineté des États et la recherche d’équilibre dans les relations internationales. Ce sont donc des traités qui font entrer dans l’ère moderne de la géopolitique.

Les traités de Westphalie sont en réalité deux traités à l’été 1648. Ils se composent du traité d’Onasbrück et du traité de Münster. Ils constituent une grande première diplomatique. L’Europe s’est déchirée entre 1618 et 1648 dans des guerres politico-religieuses. Toutes les puissances européennes se sont battues à partir de la rébellion des protestants de Bohême contre l’Empereur du Saint-Empire et remettent en cause son pouvoir. Il s’agit d’une guerre extrêmement sanglante. Les historiens évaluent le nombre de victimes à plusieurs millions.

Les traités de Westphalie interviennent dans ce cadre. Au bout de cette guerre, c’est la première fois que se réunissent toutes les puissances monarchiques en Europe pour faire la paix. Pour la première fois est formulé le principe de souveraineté des États.

II. Un redécoupage des frontières politiques religieuses de l’Europe

Ces deux traités en 1648 consacrent un redécoupage des frontières politiques et religieuses de l’Europe. L’espace germanique est éclaté à l’issue traité dans la mesure où le pouvoir des Habsbourg décline. 350 entités et principautés sont alors créées en Allemagne, dirigées par des princes, qui sont indépendants. Ils ont le droit de signer des alliances entre-eux, tant que ces alliances ne sont pas tournées contre l’Empereur.

Cela signifie que l’Allemagne perd son influence sur la géopolitique européenne jusqu’à l’unification menée par Bismarck à la fin du XIXe siècle. Les différents princes germaniques siègent à une assemblée à Ratisbonne et l’Empereur ne peut prendre aucune décision sans l’assentiment de cette diète de Ratisbonne.

Parallèlement, des territoires comme la Confédération helvétique (la Suisse), et les Provinces-Unies (Pays-Bas) accèdent à l’indépendance.

A la souveraineté politique, s’ajoute la souveraineté religieuse puisque les traités de Westphalie consacrent le principe de « tel souverain, telle religion ». Chaque peuple, sur un territoire souverain aura la religion de son prince, qui pourra choisir entre le protestantisme et le catholicisme. C’est une décision qui a été refusée par le Pape Innocent X mais qui a été appliqué en Europe à l’issue des traités.

III. Un ordre géopolitique durable

Les traités de Westphalie sont donc un morcellement politique et religieux mais, loin d’être du désordre, ils instaurent un ordre stable. Ils ont participé à établir un droit juridique européen international qui a pour la première fois organisé les relations entre États sur trois grands principes :

– La souveraineté interne des États : les États sont totalement indépendants vis-à-vis des autres. Ils mènent leur propre politique et les autres États n’ont pas le droit d’ingérence.

– La souveraineté externe des États : les différents États sont reconnus à égalité vis-à-vis des autres, leur frontière sont inviolables et leur territoire doit rester intègre. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de conflit. Il y a des toujours des conflits qui mènent à des guerres mais ce sont des conflits interétatiques.

– La recherche de l’équilibre entre les États : l’idée est qu’aucun État ne puisse obtenir des forces très supérieures aux autres. Aucun État ne doit rechercher l’hégémonie.

L’ordre westphalien consacre donc le principe de l’État souverain. A l’époque, ce sont essentiellement des États monarchiques, mais à mesure que la souveraineté populaire s’affirme, l’ordre westphalien ne sera plus qu’un ordre étatique mais aussi un ordre national.

On fait souvent référence dans la géopolitique contemporaine à l’ordre westphalien pour expliquer que depuis les années 1980-1990, l’ordre est devenu de plus en plus post-westphalien, ce qui signifie un effacement partiel des États, des principes d’États et de Nations ; englobés dans des ensembles supérieurs. Jürgen Habermas, philosophe allemand, évoque, pour parler de la construction européenne, d’une entité de type post-national et post-westphalienne.

Tu veux réviser 2x plus vite ?

Découvre les offres des Bons Profs avec :