Faire la paix par la sécurité collective : l’ONU sous Kofi Annan

Faire la paix par la sécurité collective : l'ONU sous Kofi Annan

L’Organisation des Nations unies (ONU) est créée en 1945 dans le but de construire une paix universelle. Cette paix repose sur la sécurité collective : la coopération et le dialogue entre les États qui composent l’ONU. En 1945, ils étaient une cinquantaine et aujourd’hui, près de deux cents. Le paradoxe de l’ONU est qu’elle n’a pas réussi à empêcher les guerres et le recours à la violence dans les relations internationales. Toutefois des Secrétaires généraux ont marqué son histoire, tel que Kofi Annan, couronné par le prix Nobel de la paix en 2001.

Koffi Annan est un idéaliste mais pas seulement. Comme le dit H. Védrine, ancien Ministre des Affaires Étrangères français, il est avant tout un pragmatique efficace.

Ainsi, entre idéalisme et pragmatisme, comment a-t-il réussi à insuffler un nouvel esprit et à faire renaître l’ONU dans l’après Guerre froide ?

 

I. Un engagement au service de l’ONU

 

Ghanéen de naissance, il est devenu fonctionnaire international après des études d’économie aux États-Unis et en Suisse. Son action diplomatique se confond avec celle de l’ONU puisqu’il a passé plus de trente ans dans l’organisation. Il s’agit du seul Secrétaire général de l’ONU ayant accédé aux plus hautes responsabilités par la promotion interne.

 

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Avant d’être Secrétaire général entre 1997 et 2006, il était entré dès les années 1960 dans l’organisation. Il a rapidement été sensible aux questions de développement puisque ses premières missions lui donnent des responsabilités économiques. Dans les années 1990, il s’engage au service de la paix alors que le monde est marqué par de très graves conflits militaires. Il a été marqué dans sa carrière par le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 et par la guerre de Bosnie (1992-1995). Cela fonde un engagement à partir de 1997 résolu au service du développement mais aussi de la paix. Ses deux mandats entre 1997 et 2006 lui valent un prix Nobel, pour lui, mais aussi pour l’organisation.

Lorsqu’il a été nommé Secrétaire général, il avait annoncé vouloir faire renaître l’ONU et insuffler un nouvel esprit et il l’a finalement fait à travers une action décisive pour les droits humains.

 

II. Une action décisive pour les droits humains

 

Le programme de 1997 était de rénover les Nations unies en plusieurs axes :

– D’abord, son action a consisté à prévenir les conflits armés, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, puisque la décennie 1990 peut être considérée comme une décennie du chaos (conflits irakiens et Rwanda par exemple). Son action a contribué à faire reconnaître en 2005 un droit des Nations unies à intervenir dans les conflits pour protéger les populations civiles. Ce premier axe détermine tous les autres, à savoir mettre l’humain et les populations civiles au cœur de la politique de l’ONU.

– Ensuite, l’ONU fixe les objectifs du millénaire : objectifs de réduction de la pauvreté et de développement, pas seulement économique mais aussi social et humain (exemple de la lutte contre le SIDA).

– Dans la même optique de mettre l’humain au cœur des préoccupations, Kofi Annan fait signer des partenariats entre les entreprises, les ONG et les États. Ainsi, le Global Compact est lancé en 2000 pour que tous les acteurs de la communauté internationale travaillent dans le même sens.

– Un autre axe est une action en faveur de la rédaction d’un nouveau droit international à travers de nouvelles institutions. Par exemple, avec la Cour pénale internationale instituée en 2002 dans le cadre de l’ONU pour juger des crimes de guerres et des crimes contre l’humanité. Il a aussi favorisé au sein de l’ONU la création d’un Conseil des droits de l’Homme.

Tout cela a débouché sur une nouvelle approche des conflits sous les Nations unies. Cette approche est moins passive et plus active avec le vote en 2005 à l’Assemblée générale d’un droit d’intervention pour protéger les populations.

 

III. Les limites de son action et de l’ONU

 

Dès les années 1990, lorsqu’il était responsable du maintien de la paix et de la reconstruction dans les pays en guerre, on lui reproche sa gestion du conflit en Irak avec le programme pétrole contre nourriture, entaché de malversations et d’erreurs de gestion financière assez conséquentes.

On lui reproche également sa passivité lors du conflit au Rwanda puisque l’ONU a mis du temps à comprendre les tenants et aboutissants des massacres démarrés en 1994 et qui allaient déboucher sur un génocide de 800 000 Tutsis.

D’autre part, les Américains lui ont reproché de ne pas s’être engagé, lors du déclenchement de la deuxième guerre en Irak en 2003. Il a même eu des mots sévères contre les États-Unis en déclarant la guerre illégale. Il n’a cependant rien pu faire pour empêcher que les Américains partent sans mandat de l’ONU et organisent une coalition d’États. Cela lui a aliéné le soutien des Américains qui se sont comportés de manière de plus en plus unilatérale au sein de l’ONU. Ainsi, à sa suite, grâce à leur influence, ils ont porté à la présidence le Sud-Coréen Ban Ki-moon, plutôt docile vis-à-vis d’eux.

Après son départ, on lui a confié une mission de paix en Syrie en 2012, lorsque se déclenchait la guerre civile et il en a démissionné car on ne lui a pas donné les moyens suffisants pour pouvoir s’interposer entre les belligérants.

 

Conclusion

 

Le bilan reste tout de même exceptionnel. Après sa mort en 2018, il a été célébré comme le Secrétaire général le plus influent et charismatique de l’ONU depuis sa fondation. Son œuvre au service de la paix a été reconnue internationalement. D’une certaine manière, il a « réveillé l’ONU » et a lancé des pistes de réformes qui n’ont pas encore totalement abouti.

La première est une participation élargie de la société civile de l’ONU à travers les ONG. La deuxième est une attention plus grande au développement humain et social. La troisième est d’aller vers une force d’intervention permanente qui aurait eu un poids beaucoup plus grand dans les conflits, mais cette réforme n’a pas abouti. 

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