Circulation et formation des étudiants indiens

Circulation et formation des étudiants indiens

La circulation des savants, des connaissances et des savoirs s’est accélérée dans les années 1970-1980 du fait de la mondialisation : la facilitation des transports et des communications ont permis cette circulation. Nous étudions ici l’exemple de la circulation des cerveaux, notamment avec celui des étudiants indiens. Cette circulation intellectuelle est une des dimensions essentielles de la mondialisation humaine actuelle. 

 

I. Études supérieures et expatriation

 

Les étudiants indiens sont de plus en plus nombreux à quitter l’Inde pour étudier à l’étranger, notamment dans le monde anglo-saxon.

L’Inde compte chaque année 35 millions d’étudiants diplômés du secondaire qui vont accéder à l’enseignement supérieur. C’est la troisième population d’étudiants au monde derrière celle des États-Unis et de la Chine. Cette population va être amenée à encore augmenter car l’Inde sera, dans quelques décennies, le pays le plus peuplé au monde. Même si suivre cette courbe démographique est une tâche compliquée, l’Inde continue de développer son système éducatif grâce à l’État qui investit considérablement dans l’enseignement.

Lorsque les étudiants indiens obtiennent leur diplôme de fin de second cycle (un équivalent français du bac), deux voies s’offrent à eux pour accéder à l’enseignement supérieur :

– La première voie est universitaire : le premier cycle universitaire se déroule d’abord dans les 45 000 « colleges » que compte l’Inde, pour ensuite accéder à l’université (on en compte 700 en Inde).

– La seconde voie, la voie royale, est d’intégrer un IIT (Indian Institute of Technology) qui serait l’équivalent indien de l’école Polytechnique, créé sur le modèle du MIT, Massachusetts Institute of Technology de Boston.

 

Que les étudiants passent par l’une ou l’autre voie, vivre un moment d’expatriation durant leur scolarité reste le passage obligé. Chaque année, ce sont 300 000 étudiants indiens qui partent finir leurs études à l’étranger, ce qui représente une proportion très conséquente. Le tiers d’entre-eux, soit 100 000 étudiants, s’expatrient aux États-Unis. Le reste se répartit entre différents pays anglo-saxons : l’Australie, le Royaume-Uni ou encore le Canada compte chacun entre 20 000 et 25 000 étudiants indiens. En France, on compte environ 4 000 étudiants indiens par an. La France aimerait d’ailleurs porter ce total à 5 000.

Cette expatriation est de plus en plus importante pour les étudiants pour plusieurs raisons. D’abord, cela s’explique par les difficultés que le système universitaire indien rencontre face à la courbe ascendante du nombre d’étudiants. Les études coûtent de plus en plus cher : ce sont surtout des instituts privés qui sont créés, où les enseignements ne sont pas forcément au niveau de l’enseignement d’excellence qu’on prodigue par exemple dans les universités de la Ivy League aux États-Unis. Des failles importantes se trouvent donc dans le système indien.

 

II. Atouts des étudiants indiens

 

Un des atouts majeurs des étudiants indiens est leur niveau d’anglais. Ils peuvent ainsi disposer des réseaux de la diaspora pour aller s’installer dans différents pays. La diaspora indienne compte environ 30 millions d’indiens présents dans le monde entier.

Les étudiants indiens sont également très recherchés par les secteurs d’emploi high-tech, notamment dans l’informatique, non seulement parce qu’ils sont bien formés, qu’ils parlent anglais couramment, mais aussi parce qu’ils ont l’image de travailleurs humbles, disciplinés, mais très engagés et ambitieux. On compte un tiers d’indiens dans la Silicon Valley en Californie parmi les créateurs étrangers d’entreprises. Pichai, Nadella et Suri sont les directeurs respectifs de Google, Microsoft et Nokia. Ces réussites ont donc créé une réelle émulation autour des diplômés indiens.

Mais cette fuite des cerveaux indiens vers l’étranger n’est pas favorable qu’aux pays d’accueil, elle l’est aussi pour l’Inde. Grâce à ses expatriés, l’Inde reçoit des transferts de technologie. Par exemple, lorsque Microsoft a décidé d’installer l’un de ses premiers centres de recherche à l’étranger, c’est à Bangalore en Inde dans son réputé Institute of Technology, que s’est faite cette implantation. D’autre part, les indiens de la diaspora réussissant professionnellement réalisent souvent des transferts financiers vers l’Inde. L’Inde est d’ailleurs le premier récepteur au monde de remises de la diaspora avec un montant annuel estimé entre 70 et 75 milliards de dollars.

 

Conclusion

 

En suivant ces différentes pistes, on voit bien ce qui donne corps à une société de la connaissance : permettre aux populations de s’éduquer ; stimuler la recherche et en faire circuler les résultats de manière horizontale, entre cercles de chercheurs, mais aussi verticale en vulgarisant le savoir ; et enfin, faire circuler les compétences, notamment les étudiants à travers le monde. D’une certaine manière, la société de connaissance est devenue une société mondiale.

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