La Révolution française

Le XIXe siècle n’est compréhensible que si l’on comprend bien la Révolution française de 1789. La Révolution française fait table rase en France : c’est un nouveau départ. Elle constitue une spécificité française. La plupart des autres pays européens sont aujourd’hui arrivés à peu près au même niveau de libertés et de droits, mais n’ont généralement pas connu de moment équivalent, moment assez terrible et véritablement fondateur. La Révolution débute en 1789, mais sa date de fin n’est pas si évidente.

 

I. De la monarchie constitutionnelle à la République

 

A. Les causes de la Révolution de 1789

Les causes de la Révolution sont d’abord celles de l’épuisement de la monarchie absolue. C’est l’épuisement de l’Ancien Régime, société inégalitaire, société d’ordres et de privilèges, contestée depuis le XVIIIe siècle par le mouvement des Lumières. Cette monarchie absolue est empêtrée dans des affaires d’endettement, dans des problèmes de levée de l’impôt en 1789 ce qui contraint le roi à convoquer les États généraux. Cette convocation des États généraux met le feu aux poudres.

Les dates importantes de la Révolution française sont le 17 et le 20 juin 1789. Le 17 juin, les députés des trois ordres décident de se rassembler pour ne plus se considérer comme États généraux mais comme Assemblée nationale. À partir de ce moment, on peut alors considérer que la Révolution française vient alors de débuter. Le 20 juin, c’est le serment du Jeu de paume.

 

B. Le compromis de la monarchie constitutionnelle

La monarchie constitutionnelle est un système dans lequel les pouvoirs politiques sont séparés, entre le roi qui détient l’essentiel des pouvoirs exécutifs et une assemblée qui détient l’essentiel du pouvoir législatif. Ce système est appuyé par un texte très important celui de la Constitution de septembre 1791. À partir de ce moment, la vie politique française se fait alors selon un droit écrit et consultable et non plus selon des coutumes.

 

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Cette monarchie constitutionnelle fonctionne mal, notamment à cause du double jeu du roi, de son intransigeance et de son refus d’accepter cette diminution de ses pouvoirs. Cette monarchie n’est pas tant une monarchie constitutionnelle qu’une monarchie qui doit composer avec les idées républicaines de nombreux députés de la nation. La date de juin 1791 correspond à la tentative de fuite du roi pour rejoindre les armées étrangères et pour permettre à la Contre-Révolution de réussir. Celui-ci fût toutefois arrêté à Varennes, et ramené à Paris. On peut alors considérer que si la République n’est pas encore proclamée, la monarchie constitutionnelle se trouve en sursis.

 

C. La République

Après une deuxième trahison du roi en août en 1792, la République est enfin proclamée en septembre 1792, date à laquelle il n’existe plus d’autres solutions que de se débarrasser du roi : il est arrêté.

La République est un système où la souveraineté n’est plus détenue par le roi mais par la Nation. C’est donc un régime sans roi. C’est ce à quoi on parvient, non pas sans une grande réticence de la part d’acteurs politiques de l’époque pour qui cela peut paraître comme un régime peu adapté à un pays aussi vaste que la France. Cette République connaît deux grandes périodes.

Jusqu’à l’été 1793, il s’agit de la République girondine, une république modérée. À partir de l’été 1793 et après l’éviction des Girondins que l’on soupçonnait de ne pas être complètement investis dans la Révolution, on passe alors à la République jacobine (les Montagnards) de Robespierre. C’est une République qui entre en guerre avec l’essentiels des autres États européens afin d’essayer de libérer les peuples européens et de les pousser à épouser les principes révolutionnaires. Elle connaît de nombreuses difficultés intérieures et extérieures et elle pratique la politique de la Terreur (été 1793 – été 1794), extrêmement violente à l‘égard des ennemis de la Révolution et à laquelle Robespierre lui-même ne survivra pas, finissant exécuté.

 

II. Une révolution fondatrice

 

A. La Nation

La Nation correspond à un peuple politiquement souverain. La souveraineté (la capacité à gouverner) était auparavant incluse dans la personne du roi. Aujourd’hui c’est le peuple, la Nation, qui détient la souveraineté politique et qui peut se doter de n’importe quel type de gouvernement pour la représenter.

Cette Nation, c’est lors de la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790 qu’elle apparaît totalement unifiée. Cette Nation est décorée par des symboles, par le 14 juillet qui sera donc jour de fête national bien plus tard sous la IIIe République, par La Marseillaise, etc., autant d’éléments qui suggèrent la Nation en France.

 

B. Les grands principes : la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen

Un grand apport de la Révolution est la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen d’août 1789. Le principe premier est celui de l’égalité en droits : il n’y a plus d’ordres ni de privilèges, tous les Français sont éligibles aux emplois publics (par exemple il n’y a plus de carrières dans l’armée réservée à la noblesse). La DDHC insiste sur les libertés fondamentales (expression, opinion). Précisons néanmoins que les femmes sont exclues, elles ne sont pas citoyennes à l’époque, et que comme le suffrage demeure censitaire (il faut justifier d’un certain revenu ou patrimoine pour voter), les pauvres ne font pas partie de la Nation.

 

C. L’Église, victime de la Révolution française ?

L’Église est associée aux privilèges et à l’Ancien Régime. En même temps qu’a été votée la Constitution de 1791, fût votée une Constitution civile du clergé qui oblige les prêtres à prêter serment sur la Constitution et qui confisque les biens de l’Église pour rembourser la dette. Cependant, la Révolution française n’est pas athée. Elle a pu être hostile à l’Église qui représente l’ordre ancien, mais elle refuse l’athéisme.

 

III. Les violences révolutionnaires

 

Une des figures révolutionnaires qui a fait l’expérience de la violence est celle de Mme Roland. Membre du groupe des Girondins, instruite et progressiste, elle meurt guillotinée en 1793. On peut se demander pourquoi une femme de cette envergure a fini sa vie sur l’échafaud. La Révolution est ainsi marquée par une extrême violence.

 

A. Des « émotions »

La société de l’époque est beaucoup plus violente que celle d’aujourd’hui. La modernité politique n’a pas encore produit ses effets, les gens n’ont pas encore l’habitude d’exprimer leurs opinions de façons plus civiles comme avec le vote ou la simple manifestation. La faim, la peur du complot, de la contre-révolution, peuvent provoquer dans la foule des épisodes violents qui nous paraissent irrationnels. C’est pourquoi en utilisant le vocabulaire de l’Ancien Régime, on peut parler d’« émotions ».

Dès juillet 1789 et la prise de la Bastille, des crimes sont commis. Le gouverneur de la Bastille a la tête coupée et placée au sommet d’une pique. De même, les massacres de septembre 1792 sont traumatisants : après la chute du roi en août 1792, on craint une contre-révolution et on s’en prend aux prisonniers détenus à Paris, exécutés sans jugements, faisant 1 300 morts dont une majorité d’innocents.

Cette sauvagerie est souvent couverte par les représentants politiques comme Danton, ce dernier n’ayant absolument pas condamné les massacres de septembre 1792.

Les massacres s’accompagnent souvent par des rumeurs, le sentiment que l’on nous veut du mal. La Grande Peur de l’été 1789 désigne ainsi une révolte paysanne où l’on s’en prend aux châteaux, aux seigneurs, de crainte d’une contre-révolution. Celle-ci eu un effet concret puisqu’elle aboutit à l’abolition les droits féodaux et des privilèges lors de la nuit du 4 août.

 

B. Une violence institutionnalisée

La violence n’est toutefois pas seulement le fait de groupes d’individus en dehors de l’État et des institutions. La garde nationale, l’équivalent de la police de l’époque formée dès 1789, commet un certain nombre de dérapages. Le 17 juillet 1791, après la fuite du roi à Varennes, on dépose une pétition sur le Champ-de-Mars pour la République. La garde nationale tire dans la foule et fait des dizaines de morts. Ainsi, la mort était beaucoup plus banale à l’époque qu’elle peut l’être aujourd’hui.

Mais c’est surtout le gouvernement de la Terreur, à partir du 17 juillet 1793, qui institue un régime dictatorial, dans lequel la violence d’État est omniprésente, notamment avec la création du Tribunal révolutionnaire. Celui-ci est censé jugé les ennemis de la Révolution, mais ne leur permet pas de se défendre avec l’aide d’un avocat par exemple. On peut citer aussi la loi des suspects, loi très importante qui fait de toute personne liée à la noblesse ou au clergé un suspect et un coupable potentiel.

La guillotine, qui a pu être considérée comme un « instrument humaniste » puisqu’elle faisait moins souffrir que les modes d’exécution en vigueur sous l’Ancien Régime, fonctionne à plein régime à la fin de la Terreur, pendant l’été 1794. Il y a ainsi à peu près 1 500 victimes en 6 semaines, juste avant la chute de Robespierre. Il faut rappeler toutefois que la peine de mort est centralisée à Paris à ce moment-là.

 

C. Des éléments de guerre civile

La Révolution, programme d’union des Français à travers la Nation et les principes de l’égalité, correspond également à un moment de désunion et de schisme de la société française. On a ainsi une opposition très forte au début de la Révolution entre les révolutionnaires et les contre-révolutionnaires, ceux qui refusent la Révolution et émigrent souvent aux frontières de la France (et qu’on appelle alors les Émigrés).

Survint ensuite une opposition entre ceux qui, tout en acceptant les acquis de la Révolution française, sont monarchiens, et ceux qui sont républicains. Et, à l’intérieur des républicains on trouve encore une opposition entre les Girondins, plus modérés, et les Montagnards. Cette opposition regroupe également une opposition entre la province, qui aspire à une certaine autonomie, et Paris, qui entend imposer une centralisation de l’autre. On peut aussi énumérer des oppositions un peu plus fines, entre la Convention, c’est-à-dire l’assemblée qui siège pendant la République, et la Commune de Paris, beaucoup plus radicale.

 

Conclusion

 

La Révolution française a participé à diviser les Français, élément important pour comprendre les troubles qui perturbent le XIXe siècle, jusqu’à la IIIe République. L’héritage de la violence liée à la République va ainsi beaucoup jouer dans les discussions politiques du XIXe siècle et expliquer la réticence à l’idée de réinstaurer ensuite la République, qui rappelle aux yeux de certains des heures sanglantes.

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