La baisse des températures, attendue à partir de dimanche, est un phénomène connu sous le nom « Moscou-Paris ». Il se caractérise par des masses d’air glacial se propageant depuis la Sibérie vers toute l’Europe occidentale. Il devrait d’abord toucher, dimanche après-midi, le quart nord-est de la France avant de « s’engouffrer sur l’ensemble du pays lundi et mardi », selon Emmanuel Demaël, prévisionniste chez Météo France.
Lundi, mardi et mercredi, les températures minimales devraient se situer autour de – 5 °C à – 10 °C (– 2 °C à – 4 °C sur les zones littorales), soit 7 à 11 degrés sous les normales de saison. Sur la moitié nord du pays, le froid pourrait s’installer et durer au moins jusqu’à la fin de la semaine prochaine.
Le plan « grand froid » réactivéLa sensation de froid sera augmentée par les vents. Le corps fabrique à la surface de la peau une petite couche isolante d’air plus chaud. Lorsqu’il y a du vent, celle-ci est continuellement balayée, et le corps, qui tente sans cesse de la recréer pour rétablir l’équilibre, se refroidit.
Cette température ressentie ou « indice de refroidissement éolien », qui peut différer d’une personne à l’autre, est calculée à l’aide d’une formule mathématique « empirique » combinant température réelle et vitesse du vent. La semaine prochaine, il faudra « enlever au moins cinq degrés aux températures affichées par les thermomètres » pour obtenir la température ressentie, a expliqué M. Demaël.
Avec un vent moyen attendu de 20 km/h à 30 km/h et des rafales entre 50 km/h à 70 km/h, les températures ressenties pourront aller jusqu’à « – 15 °C à – 17 °C » en plaine, et au moins – 25 °C en montagne, a-t-il précisé.
Le concept de « température ressentie » est ancien aux Etats-Unis ou au Canada, mais il est plus récent en France. Dans l’Hexagone, il a servi dans les années 2000 à l’élaboration des plans « grand froid » destinés à limiter les impacts sanitaires sur les populations vulnérables lorsque les températures chutent. Le plan « grand froid » a d’ailleurs été réactivé, mercredi, dans vingt-neuf départements, permettant ainsi d’ouvrir plus de places d’hébergement pour les sans-abri.
Nouvelles chutes de neigeLes vagues de froid les plus importantes ont généralement lieu entre la fin décembre et la mi-février. Mais des épisodes « précoces » ou « tardifs » sont possibles, selon Météo France. L’Hexagone n’a toutefois pas connu d’épisode tardif aussi notable depuis fin février-début mars 2005, lorsque des records de froid avaient été battus dans plusieurs villes, avec notamment – 15 °C à Romorantin (Loir-et-Cher), – 13 °C à Poitiers, ou – 12 °C à Bergerac (Dordogne)… Météo France ne prévoit pas de records la semaine prochaine.
D’autres épisodes remarquables s’étaient produits en mars 1971 avec des chutes de neige dans le Sud-Est et fin février 1948 (– 20 °C à Clermont-Ferrand et à Saint-Etienne, – 19 °C à Lyon), ainsi qu’en février 1956, hiver le plus froid de l’histoire récente, et en février 1986.
A partir de mercredi, « une offensive neigeuse » est attendue sur la partie sud de la France, y compris les zones littorales, du Sud-Ouest à la Côte d’Azur en passant par le Massif central et la vallée du Rhône, selon M. Demaël.
La neige va ensuite remonter jeudi vers le nord. « Ça demande encore à être affiné, mais on risque d’avoir un épisode neigeux conséquent sur une grande partie du pays jeudi et vendredi », estime le prévisionniste.