Colonisation et société coloniale
I. Qu’est-ce qu’une colonie ?
Une colonie est un territoire administré par une puissance étrangère. Au XVIIe siècle, deux grands empires coloniaux, l’Espagne et le Portugal, ont de nombreuses colonies situées pour la plupart sur le continent américain. Au XVIIIe siècle et surtout au XIXe siècle émergent deux nouvelles grandes puissances coloniales : la France et la Grande-Bretagne. Ces deux puissances créent de nouvelles colonies en Afrique, en Asie et en Océanie. L’empire français et l’empire britannique seront démantelés entre le milieu et la fin du XXe siècle.
II. Pourquoi coloniser ?
A. Des intérêts économiques
En France, Jules Ferry, qui a été ministre de l’Instruction publique, a également été ministre des Colonies et explique lors d’un discours à l’Assemblée nationale les raisons pour lesquelles – selon lui – l’État français doit se lancer dans la « course aux colonies ».
Dans un premier temps, il aborde dans son discours la question d’une crise économique majeure en Europe, et de la nécessité de trouver d’autres territoires (les colonies) pour trouver de nouveaux débouchés économiques, et plus particulièrement des débouchés agricoles qui serviront à la métropole (c’est-à-dire à la France).
B. La « mission civilisatrice »
Dans son discours, Jules Ferry fait également référence à ce qu’il appelle la « mission civilisatrice » de la France. Il considère que les « races supérieures » doivent « éduquer » les « races inférieures » qui se trouvent selon lui en Afrique ou en Asie.
Nota bene : on considère aujourd’hui que ces discours et cette façon de penser étaient racistes, mais à l’époque, ils n’étaient pas perçus comme tels par les contemporains de Jules Ferry. C’était le discours dominant. Cela ne justifie en rien ses propos, mais cela explique en partie pourquoi de tels propos ont pu être tenus par de nombreux hommes d’État.
Comment cette « mission civilisatrice » est-elle mise en oeuvre ?
Pour les Européens, l’éducation des populations considérées « inférieures » passe par la religion. Des missionnaires, c’est-à-dire des hommes et des femmes de l’Église catholique (dans le cas de la France) investissent les colonies – en particulier en Asie – et apprennent aux enfants musulmans la Bible ou des chants religieux comme les cantiques. En même temps, ils leur apprennent la langue du pays colonisateur. On leur apprend également l’alphabet latin et l’histoire de la France. Certaines mesures de santé publique sont également prises.
Cette « mission civilisatrice » sera promue par la propagande des journaux de l’époque pour soutenir la colonisation. Il faut toutefois ici nuancer le propos : il y avait, en effet, souvent un écart conséquent entre la volonté « civilisatrice » des hommes d’état comme Jules Ferry et la situation réelle de la population dans les colonies.
III. L’exemple d’une société coloniale : l’Algérie française
Comment fonctionne une société coloniale et quels sont les rapports entre ses habitants ?
L’Algérie devient une colonie française en 1830. Son statut est particulier, car elle est divisée en trois départements (les provinces d’Alger, d’Oran et de Constantine) et elle était considérée comme faisant partie intégrante du territoire français. Des colons français arrivent par bateau et s’installent en Algérie pour exploiter les terres, développer l’agriculture et créer des villages. Cette population de colons est chrétienne. Mais la majorité de la population est algérienne et musulmane. Cela peut créer des tensions entre les colons et les algériens.
La population de colons domine l’ensemble de la société coloniale. Elle est à l’origine de la construction de nouveaux bâtiments à Alger, de nouveaux quartiers européens et de la transformation du port. Les colons mettent également en place des lois, et notamment le Code de l’Indigénat, qui sanctionnait de façon très dure les populations indigènes (populations originaires d’un territoire), y compris pour de petits méfaits. Ce code est très mal accepté par la population originaire d’Algérie.
L’éducation et les mesures de santé, les versants de la « mission civilisatrice », ont bien plus concerné les colons que la population locale.
Conclusion
La « mission civilisatrice » promue par la propagande française est donc à considérer avec un certain recul historique. Dans les faits, les populations locales n’étaient qu’assez peu bénéficiaires de l’éducation et des soins promis par les pays colonisateurs.