L’affirmation de l’État monarchique dans le Royaume des Capétiens et des Valois
L'affirmation de l'État monarchique en France (XIe-XVe)
À la suite de la chute de l’Empire de Charlemagne, les comtes et les ducs ont pris le pouvoir : les rois ne parviennent plus à imposer leur autorité.
Comment, dans le royaume de France, les rois s’imposent-ils face aux seigneurs ? Comment construisent-ils un État moderne ?
I. Comment les rois parviennent-ils à s’imposer dans le système féodal ?
Au Moyen Âge, le système féodal est assez simple et repose sur deux catégories hiérarchiques : les suzerains et les vassaux. Un suzerain est un grand seigneur qui impose son autorité sur des seigneurs moins influents que lui : ces derniers sont des vassaux. Les suzerains et leurs vassaux s’unissent lors d’une cérémonie appelée l’hommage. Lors de cette cérémonie, un contrat est signé entre les deux protagonistes. Ce contrat lie le vassal à son suzerain par un certain nombre d’obligations. Un suzerain confie à son vassal des terres : un fief. Le suzerain se doit de protéger son vassal si ce dernier est menacé d’un point de vue judiciaire ou militaire. Le vassal, quant à lui, doit aider financièrement le suzerain si les enfants de ce dernier se marient, si le suzerain est capturé lors d’une guerre ou si les finances du suzerain ne sont pas suffisantes pour administrer ou aménager son territoire. Le vassal doit également conseiller le suzerain à propos de la gestion de son territoire et l’aider s’il part en guerre : chaque vassal doit au minimum 40 jours de combats au suzerain afin de défendre le territoire s’il est attaqué ou si un suzerain plus important appelle à la guerre (c’est le service d’ost). En effet, un suzerain peut-être le vassal d’un autre suzerain plus important. Il y a une hiérarchie entre les seigneurs très puissants et les seigneurs moins influents.
Le pouvoir est donc divisé dans le royaume. Une personne est toutefois élue roi des Francs par une partie des grands seigneurs en 987 : Hugues Capet. À cette époque, Hugues Capet possède un territoire relativement petit et n’est pas très riche par rapport à d’autres grands seigneurs.
II. Comment les rois affirment-ils leur puissance sur le plan territorial ?
Pour affirmer sa puissance par rapport aux autres grands seigneurs, Hugues Capet est sacré roi. Le sacre lui donne un statut particulier : il est élu et protégé par Dieu. Il reçoit l’hommage de nombreux grands seigneurs qui deviennent alors ses vassaux. En revanche, le roi ne peut pas être le vassal d’un grand seigneur. Hugues Capet met en place une monarchie héréditaire en couronnant son fils roi afin de mettre en place la dynastie des Capétiens (dynastie = succession de rois de la même famille).
Pour affirmer sa puissance territoriale, des guerres sont menées dans le but d’annexer de nouvelles terres. Ainsi, au XIIIe siècle, Philippe-Auguste, roi des Francs, a pour vassal Jean sans Terre, duc de Normandie et roi d’Angleterre. En tant que vassal, Jean sans Terre ne respecte pas ses obligations, Philippe-Auguste décide donc de lui faire la guerre. Entre 1203 et 1204, Philippe-Auguste accuse Jean sans Terre de félonie (traîtrise) et le prive de ses terres. Le duc de Normandie échoue à regrouper ses vassaux et à organiser sa défense. Il perd la guerre et une partie de ses terres, récupérées par le roi de France. Cet épisode est le premier coup d’éclat de Philippe-Auguste, qui récupère et redistribue les terres.
D’autres rois qui se succèdent, à l’instar de Louis IX et de Philippe IV le Bel, agrandissent le territoire du roi et s’imposent comme les personnages les plus importants du royaume de France. Ils agrandissent leur royaume grâce à la guerre, mais aussi par le mariage (avec des filles de grands seigneurs) ou par l’achat de terres.
Au XIVe siècle, Charles IV, roi de France, n’a pas d’héritier. Se pose donc la question de la succession. Le royaume de France connaît alors une période de très forte instabilité politique. Comme il n’a pas d’héritier, il est envisagé que sa sœur Isabelle devienne reine. Toutefois, à l’époque, une femme ne peut pas prétendre au trône. Cependant, Isabelle a un fils, Édouard III, roi d’Angleterre. Or les français ne veulent pas être gouvernés par le roi d’Angleterre. Un autre prétendant au trône est envisageable : Philippe de Valois, cousin de Charles IV. Celui-ci prend la succession au trône et donne naissance à la dynastie des Capétiens-Valois.
Cette situation entraîne une guerre entre la France et l’Angleterre : la guerre de Cent Ans, de 1337 à 1453 (qui dure donc un peu plus de cent ans). Au début, les armées françaises essuient de nombreuses défaites. Finalement, c’est en 1429 sous le règne de Charles VII, grâce à l’intervention de Jeanne d’Arc (qui permet à Charles VII de se faire couronner à Reims) que l’autorité du roi de France est réaffirmée sur son territoire. Charles VII impose par la suite une armée permanente en mettant en place un nouvel impôt pour la financer.
III. La mise en place d’une administration organisée et puissante
Pour contrôler leur territoire, les rois organisent et structurent leur pouvoir. Les rois mettent en place une nouvelle monnaie unique, utilisée dans tout le royaume : le franc.
Le territoire est divisé en différentes provinces, dans lesquelles des représentants du pouvoir royal sont chargés de faire respecter les décisions royales et de lever les impôts. Dans le nord du royaume ces représentants s’appellent les baillis. Dans le sud, ils s’appellent les sénéchaux.
Le pouvoir est centralisé à Paris et la justice est rendue par le parlement de Paris, une institution de spécialistes de la loi, appelés les légistes, qui aident le roi à administrer son territoire.
Conclusion
Les rois parviennent à organiser et à administrer leur territoire au terme de près d’un demi-millénaire.
Deux dynasties se succèdent : les Capétiens et les Capétiens-Valois, qui réussissent à imposer leur autorité grâce aux légistes, aux baillis, aux sénéchaux et à l’instauration du franc. Ils affirment également leur pouvoir grâce au sacre et à l’annexion de nouvelles terres par des mariages, par des guerres ou par achat.
L’organisation et la volonté d’expansion du royaume fait de la France l’une des plus grandes puissances au XVe siècle.