Première > Géopolitique et sciences politiques > Analyser les relations entre États et religions > Introduction : États et religions aujourd’hui
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En Occident, la sécularisation est très poussée et va de pair avec une déchristianisation comme décrit dans la thèse de Marcel Gauchet (le christianisme est la religion de sortie de la religion). En Europe, il existe actuellement 43 % d'athées : c'est une proportion record au niveau mondial.
Exemple de la France : un des pays les plus sécularisés en Europe et dans le monde. Il y a 40 % de croyants, 53 % d'athées et 7 % d'indécis. Ainsi, les deux tiers de la population sont éloignés de la religion. Il n’y a que 4 % des Français catholiques qui déclarent encore aller à la messe. Il y a donc une baisse de l'observance des rites mais aussi des vocations religieuses (l'âge médian des prêtres est supérieure à 75 ans).
Les trois quarts des Européens considèrent avoir des racines chrétiennes mais les croyances et surtout les pratiques religieuses sont en fort déclin sur le continent.
Les États-Unis connaissent une évolution de plus en plus nette de déchristianisation : on ne compte que 10 % d'athées, mais un tiers des américains qui se disent croyants ne croient pas dans le dieu de la Bible.
Comme l’explique la sociologue américaine Grace Davie, en quelques générations on est passé de la religion par héritage (religion qu’on héritait de nos parents) à une religion par choix. Désormais, on fait le choix de croire ou de ne pas croire, et cette religion se fait davantage sur des lignes individuelles. Elle est plutôt éloignée des dogmes et rites officiels, mélangeant dans des syncrétismes (assemblages) parfois originaux des éléments de religion chrétienne, bouddhiste, etc., de différentes morales religieuses.
Même si les sociétés en Occident sont fortement sécularisées, les systèmes qui relient les religions et l’État sont très différents d’un pays à un autre. On peut distinguer trois grands systèmes d’organisation entre le religieux et l’État dans le monde occidental (selon les catégories proposées par Bérengère Massignon dans L’Europe avec ou sans Dieu de 2010) :
- Premier système : ceux qui ont toujours une religion d’État. C’est le cas des pays scandinaves, qui sont luthériens (à l’exception de la Suède et de la Norvège) mais c’est le cas en Finlande, Islande et au Danemark. On trouve également des systèmes de religions d’État dans des pays méditerranéens : Malte, Grèce, ou des pays d'Amérique latine : Argentine, République dominicaine, Costa-Rica. A cette liste s’ajoute l’Angleterre et l’Écosse. En Europe de l’Est on peut également ajouter la Bulgarie. Dans tous ces pays, le niveau de sécularisation reste très peu poussé.
- Deuxième système : niveau intermédiaire où il existe encore un lien entre l’État et la religion, ne serait-ce que du point de vue de la subvention des cultes ou du versement du revenu des prêtres. C’est le cas de l’Allemagne, de l’Autriche, ou de la Suisse. La Belgique ou l’Italie se trouvent aussi dans cette configuration. Dans ces pays, le cordon entre l’Église et l’État n’a pas été complètement coupé. On retrouve le même cas de figure en Amérique latine, où les liens entre l’Église et l’État sont forts. Au Brésil, seuls 8 % des gens se déclarent non-croyants, les églises évangéliques effectuent une poussée remarquable.
- Troisième système : système séparatiste à la française, avec une séparation stricte entre l’État et les églises. On retrouve ce système dans des pays aussi divers que le Portugal, l’Irlande et les Pays-Bas.
Ainsi, lorsqu’on parle de laïcité en Europe et plus généralement dans le monde occidental, on ne parle pas nécessairement de la même chose.
Ailleurs dans le monde, la sécularisation est très limitée, c’est pourquoi le sujet de la sécularisation dans le monde, reste un sujet très occidentalo-centré.
Dans le monde arabo-musulman, il existe encore un grand nombre de théocraties : des systèmes politiques dans lesquels le religieux et le politique sont confondus, et où souvent les autorités religieuses dominent le politique. C’est le cas en Iran, en effet, le pouvoir suprême appartient à l’ayatollah (premier chef religieux) et aux mollahs qui l'entourent (autres chefs religieux). En-dessous, on trouve le pouvoir politique, la république iranienne et son gouvernement, qui reste sous le contrôle des mollahs.
C’est le cas également en Arabie saoudite, où la famille régnante, la famille Saoud, tire son pouvoir du wahhabisme, c’est-à-dire une lecture nationale, très rigoriste de l’islam qui provient du XIXe siècle et de la prédication de Mohammed ben Abdelwahhab.
Dans un grand nombre de pays musulmans, l'islam reste une religion d'État, par exemple en Irak, au Koweït, à Oman, mais aussi en Algérie. On peut opposer l'Algérie aux deux autres pays du Maghreb : la Tunisie et la Maroc. Après les printemps arabes, en 2014, la Tunisie a été le premier pays d’Afrique du Nord à se doter d’une constitution dans laquelle sont inscrits comme principes fondamentaux la liberté de conscience et la laïcité. Le Maroc est dans une situation intermédiaire car l'islam est la religion d'État mais l'État marocain laisse la liberté de conscience et de culte à ses citoyens.
Du côté de l'Asie du Sud-Est, des grands pays musulmans comme l’Indonésie et la Malaisie sont deux modèles différents de sécularisation. D'un côté, la Malaisie, pays d'islam d'État, applique la charia et les musulmans ont interdiction de renoncer à leur religion. L'Indonésie est un État laïque qui prône la liberté de conscience et qui protège ses minorité. Les systèmes sont donc très différents dans le monde musulman, même si on assiste à une réislamisation par le bas des sociétés.
D'autres pays d'Asie sont à bouddhisme d'État : Thaïlande, Cambodge, Laos, Birmanie, Sri Lanka. Cela peut mener à des affrontements (au Sri Lanka entre Bouddhistes et Tamouls ; en Birmanie, entre Bouddhistes et Rohingyas).
Le Japon est le seul pays a posséder une double religion d'État : le bouddhisme et le shintoïsme.
On trouve également d’autres exemples ambivalents dans les anciens pays communistes que sont la Chine et la Russie. En Chine, plus de la moitié de la population est non-croyante : le communisme a durablement repoussé la religion et continue de le faire aujourd’hui. Le religions sont persécutées.
En Russie toutefois, où théoriquement la religion a été extirpée du pays pendant l’URSS, seuls 15 % des Russes se disent non-croyants. Les 85 % de croyants rattachent de plus en plus leur identité nationale au christianisme orthodoxe. Le pouvoir politique de Poutine est très lié au patriarcat de Moscou et au patriarche Cyrille de Moscou (autorité religieuse dans le christianisme orthodoxe). On trouve ainsi une sorte de nouvelle alliance du trône et de l’autel qui vise à consolider l’identité et la puissance russe.
Dans le sous-continent indien, on se trouve dans une situation tout-à-fait ambiguë. En Inde, depuis l’indépendance, on professe un sécularisme de l’État : c’est-à-dire que l’État ne reconnaît aucun culte parmi d’autres et les protège tous. Pourtant, aujourd’hui, l’État est travaillé par un néo-nationalisme hindou exclusif, qui tend à discriminer la minorité musulmane importante dans le pays ainsi que les autres religions. En Inde, la sécularisation est tellement peu poussée que seulement 1 % de la population se dit non-croyante.
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