Les services secrets soviétiques et américains durant la Guerre froide

Les services secrets américains et soviétiques pendant la Guerre froide

L’espionnage a connu un fort développement pendant la Guerre froide. L’historien français des services secrets Rémi Kauffer présente la Guerre froide comme le « bal des taupes » pour évoquer la guerre du renseignement à travers les deux grandes organisations, américaine et soviétique.

Le renseignement est devenu un enjeu de la Guerre froide, qui a sûrement empêché celle-ci d’aboutir à une nouvelle guerre mondiale. À l’heure où la collecte d’informations sur les ennemis était devenue cruciale, deux agences de renseignement (la CIA et le KGB) se sont développées.

 

I. Les agences de renseignement : des réseaux de l’ombre aux ramifications internationales

 

En URSS, le KGB est le comité de sûreté de l’État qui est l’agence de renseignement la plus importante au monde. Elle est l’héritière d’un savoir ancien de l’ancienne organisation Tchéka et du NKVD soviétique. Elle est réorganisée entièrement en 1954 avec un siège à Moscou, à la Loubianka. Elle a recruté près d’un 1,5 million d’informateurs à travers le monde et a eu une efficacité redoutable.

Aux États-Unis, la CIA (Central Intelligence Agency) a été créée en 1947 sous Truman. Le siège est à Langley, non loin de Washington. Les missions sont les mêmes que pour le KGB : observer et influencer. Mais plus que d’autres agences, la CIA agit également. C’est celle qui a réalisé le plus d’actions clandestines telles que des opérations de subversion et de renversement de régimes ennemis, voire d’assassinats. Pensons par exemple au coup d’État de Pinochet au Chili, en 1973.

Ces organisations n’agissent pas seules. Elles travaillent dans le cadre de leur bloc idéologique avec du côté du bloc de l’ouest et de la CIA : le M16 britannique, la DST française ou le Mossad israélien. Du côté du bloc de l’est et du KGB : des liaisons avec les services secrets est-allemands. Ils sont restés célèbres pour l’une des opérations les plus frappantes : l’infiltration d’un agent de la RDA au cœur du pouvoir (G. Guillaume). Il avait réussi à devenir le conseiller personnel du chancelier ouest-allemand Willy Brandt.

 

II. La figure centrale et controversée de l’espion

 

Certaines figures d’espions et notamment d’agents doubles sont restés très connus dans l’Histoire. En Angleterre, les « Magnificient 5 », qui venaient de Cambridge ont été reconnus par l’URSS dans les années 1930. Ces esprits brillants se sont engagés non pas pour l’argent mais par idéologie et par défense du modèle soviétique. Le plus fameux est Kim Philby qui, pendant des décennies, a renseigné l’URSS sur les manœuvres des États-Unis pendant la Guerre froide. Il a été dénoncé et s’est réfugié dans les années 1960 en URSS où il fut spécialiste du renseignement pour le KGB.

Les services secrets américains ont, eux aussi, réussi à recruter un officier du GRU (services secrets de l’armée rouge), Dmitri Polyakov, qui a renseigné pendant des années les Américains, notamment sur les agents doubles.

Ces espions ont ainsi contribué à refroidir la Guerre froide car ils renseignaient chacun des deux camps sur les manœuvres géopolitiques et les stratégies de l’ennemi.

 

III. L’action décisive au cœur de la Guerre froide

 

Il y a eu de nombreuses actions décisives.

Au début de la Guerre froide, ce sont des espions soviétiques qui ont permis à Staline et à l’URSS de rattraper leur retard en matière de nucléaire militaire. Il leur a fallu quatre ans pour mettre au point une bombe atomique grâce à un espionnage qui passait aux États-Unis par des agents infiltrés ou retournés. Par exemple, les époux Rosenberg, condamnés à mort en 1953 lors de la chasse aux sorcières de McCarthy contre les communistes. Ils avaient révélé des secrets aux Soviétiques.

Dans l’autre camp, la CIA a été décisive pour permettre, par exemple, d’obtenir en 1956 une copie du rapport secret de Khrouchtchev qui révélait les crimes de Staline. Il y a également les avions secrets U2 qui volaient à très haute altitude, grâce à eux, Washington a pu être mis au courant de l’installation de la rampe de lancement des missiles nucléaires à Cuba et a pu réagir à temps.

L’une des actions les plus remarquables est une opération révélée en 2020. Elle a été menée par la CIA et les services secrets ouest-allemands. Ils ont racheté, dans les années 1950, une société suisse de cryptage. Cette opération nommée Rubicon a permis de vendre du matériel de cryptage dans 120 pays. Ils ont ainsi pu être au courant de nombreuses opérations parfois commanditées par les Soviétiques dans le tiers monde. Ils ont également eu connaissance des opérations menées par l’Iran après 1979 lors de la prise d’otages d’américains à Téhéran. Ils ont aussi pu être renseigné sur les opérations terroristes menées par le régime libyen de Kadhafi. L’efficacité de cette action a donc été exceptionnelle.

 

Conclusion

 

Le savoir-faire de ces agences de renseignement s’est développé durant la Guerre froide. Ce sont des organisations qui restent aujourd’hui très actives, aussi bien le KGB que la CIA, et dont une partie des missions a été réorientée vers des missions de guerre cognitives.

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