Juste la fin du monde, Lagarce - Écrit
Résumé pour l’écrit
Date de publication
Cette pièce est contemporaine puisqu’elle a été écrite, créée, montée et représentée en 1990, à la fin du XXe siècle.
Genre
Le drame n’est ni une comédie ni une tragédie. C’est une pièce où les personnages sont libres d’agir d’une façon ou d’une autre et libres de changer le cours de l’histoire à chaque mouvement, à chaque acte, à chaque scène. Cela s’oppose à la tragédie, où il y a un fatum, une fatalité qui emprisonne les personnages, et à la comédie, parce que le but est d’affronter les obstacles pour réussir à faire triompher quelque chose (exemple : un couple).
Le drame c’est très souvent un personnage principal qui est confronté à un problème important et qui a la liberté de faire un choix ou un autre. Le suspense va porter sur le choix que va faire le personnage et les conséquences de ce choix.
Mouvement
Théâtre contemporain, héritier de Beckett et de Ionesco. La pièce est encore trop récente pour lui assigner un mouvement. En général, les mouvements littéraires sont une étiquette mise sur les pièces bien longtemps après que les auteurs soient morts. Cela ne fait qu’une trentaine d’années que cette pièce a été jouée, il n’y a pas assez de recul pour savoir qui fait la même chose que Lagarce et quelle étiquette pourrait être mise sur son théâtre.
Lagarce se réclamait l’héritier de Beckett et de Ionesco, deux auteurs du début et du milieu du XXe siècle. Ils sont associés au théâtre de l’absurde : l’absurde de la communication, la difficulté des personnages à communiquer, à se comprendre – absurdité qui se retrouve aussi dans le théâtre de Jean-Luc Lagarce.
Auteur
Jean-Luc Lagarce (1957-1995), comédien à l’origine, metteur en scène, meurt du sida.
Moments-clés
– Pitch : Il s’agit d’un personnage, Louis, qui est atteint du sida et qui sait qu’il va bientôt mourir. Il a coupé les liens avec sa famille depuis des années ; il revient pour un repas pour leur annoncer sa mort prochaine (d’où le titre Juste la fin du monde), pour annoncer la fin de son monde à lui, sa disparition.
– Affrontement entre Antoine et Louis : Antoine est le frère de Louis, il est très en rivalité avec Louis, il est très jaloux de Louis. Ce n’est pas un dialogue, mais un affrontement puisqu’Antoine va être agressif avec Louis, il va occuper tout l’espace, il va monopoliser la parole, il va très peu s’intéresser à Louis (même si c’est plus complexe que ça).
– Dialogue entre Suzanne et Louis : Suzanne est la soeur de Louis. Louis est parti trop tôt pour connaître Suzanne puisqu’elle était encore petite. Il va la découvrir jeune adulte. Elle l’attend depuis des années, elle a envie de le connaître. Il se rend compte qu’il est passé à côté de sa sœur. C’est un dialogue émouvant.
Thématiques
– Mort : Ce thème de la mort se trouve dans le titre. Il parcourt toute l’œuvre. Il n’est pas si facile que cela à traiter par les personnages ; Louis a beaucoup de difficulté à avancer le sujet de sa mort.
– Communication impossible entre les membres de la famille (mère, frères, sœur, belle-sœur) : Ils passent tellement de temps à se reprocher des choses ou à parler de tout et de rien qu’ils évitent les vrais sujets. C’est en cela qu’il y a le lien de l’absurdité des liens humains avec Beckett et Ionesco.
Citation
« Je ne te comprends pas, mais je t’aime. »
C’est ce que dit la mère de Louis à Louis puisque la raison pour laquelle il est parti est cette incompréhension qui existait depuis toujours. Il n’était pas compris de sa famille, il part, il a une vie d’écrivain assez prestigieuse en ville ; quand il revient, l’incompréhension est toujours la même. Mais sa mère affirme qu’il n’y a pas besoin de se comprendre pour s’aimer. Et donc c’est un moment assez important dans la reconstruction, la réconciliation de Louis avec sa famille.
Bonus
Film de Xavier Dolan en 2016. Xavier Dolan est un jeune réalisateur, qui s’illustre beaucoup en ce moment. Il a réussi à adapter un texte compliqué, avec beaucoup de silences et de répétitions, de manière à ce que cela semble naturel et que chaque virgule du texte soit comprise. Même si le texte semble parfois difficile à lire, le film est très fascinant et saisissant à regarder.
Juste la fin du monde, Lagarce - Oral
À la fin de l’oral du baccalauréat de français, il faut présenter une œuvre et donner son avis sur l’œuvre. Si vous choisissez Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, vous vous distinguez comme un bon lecteur parce que c’est une pièce difficile et la choisir donne bon signe à votre examinateur.
Pour vous préparer aux questions de l’examinateur après l’exposé, voici cinq questions pour anticiper vos réponses : deux questions de connaissances ; trois questions d’avis personnel.
A. Les questions de connaissances
– En quoi cette écriture est-elle contemporaine ?
C’est au cœur du sujet avec Lagarce, c’est la raison pour laquelle il n’est pas souvent choisi par les élèves et par les professeurs. C’est une écriture particulière avec beaucoup de répétitions, de silence, de décalage entre les questions/les réponses ou les tirades du locuteur et de l’interlocuteur.
En France, dans l’écriture contemporaine du théâtre et du roman, il y a ce travail sur la difficulté à communiquer et à se comprendre entre êtres humains. Au théâtre, tout repose sur le langage, sur le dialogue. Si les personnages ne se comprennent pas, cela pose un vrai problème et cela dit quelque chose du monde et des difficultés à nouer des relations et à vivre ensemble.
C’est en cela que l’écriture de Lagarce est contemporaine, comme le montre la scène où Louis parle à sa mère : ils essayent de se comprendre même s’ils ne se sont pas vus depuis des années.
– Lagarce s’est dit l’héritier de Beckett et de Ionesco : pouvez-vous comparer sa pièce aux leurs ?
Cela suppose de connaître Beckett (tragique) et Ionesco (comique) et d’avoir assez d’éléments pour pouvoir faire ces comparaisons. Le lien entre Beckett et Ionesco est le théâtre de l’absurde. Leurs pièces sont toujours autour de l’absurde. Et c’est aussi ce que veut faire Lagarce : dans sa pièce, il parle de l’absurde, de l’absurde des relations humaines qui conduit souvent à la séparation plutôt qu’au rire.
Beckett, En attendant Godot : Pièce où deux personnages attendent un troisième personnage, Godot. Ils l’attendent, il n’arrive pas. Dans la deuxième partie de la pièce, c’est un nouveau jour, ils l’attendent à nouveau et il n’arrive toujours pas. C’est une pièce absurde puisqu’eux et le public passent leur temps à attendre quelque chose qui n’arrive pas ; les discussions et la situation sont aussi absurdes. Tout cela a pour but de faire réfléchir sur l’absurdité de la vie (cette pièce a été écrite après la Seconde Guerre mondiale). Lagarce est aussi dans cette situation : son personnage Louis vient dans sa famille pour leur annoncer qu’il est malade et qu’il va mourir, mais il ne va pas leur dire. Le public attend cette révélation, ce climax, cette apogée du dramatique, mais cela n’arrive pas. Il y a un lien entre Beckett et Lagarce pour cela.
Ionesco, La Cantatrice chauve : C’est une pièce où Ionesco raconte un dîner de deux couples. Il y a des situations très mondaines, les personnages parlent, ils parlent tellement de tout et de rien que cela devient loufoque et comique. La situation peut se comparer à Juste la fin du monde : c’est aussi un repas où l’on va échanger beaucoup de banalités, ils vont parler du sport que fait la mère. Il fait le choix de mêler les choses du quotidien, du concret, du banal au drame qui est sa propre mort à venir.
B. Les questions d’avis personnel
– Pouvez-vous parler d’une mise en scène de cette pièce ? La trouvez-vous pertinente ?
Si vous n’avez pas pu voir des captations de théâtre, vous pouvez évoquer le film de Xavier Dolan. Parler de mise en scène, c’est dire quelle est l’époque, quels sont les acteurs, quel est le jeu (réaliste ou exagéré), quels éléments (décors, musique, effets sonores, visuels…) font réfléchir, etc.
« La trouvez-vous pertinente ? » : est-ce que vous trouvez l’adaptation ou la mise en scène fidèle au texte ? Est-ce que vous la trouvez intéressante ? Est-ce que vous avez eu d’autres compréhensions ? Avez-vous ressenti quelque chose de particulier ?
– Qui voyez-vous dans le rôle d’Antoine ?
Vous pouvez vous référer à l’acteur qui a joué le rôle d’Antoine, dans l’adaptation au cinéma, Vincent Cassel. Antoine est le frère agressif, jaloux de Louis. Il faut donc un acteur qui fasse peur, qui soit violent.
– Quel autre titre donneriez-vous à cette pièce ?
C’est une question piège car cela suppose d’avoir assez de recul sur la pièce pour proposer quelque chose de nouveau. Si vous êtes perdus sur ce genre de questions, alors partez du vrai titre. Demandez-vous pourquoi l’auteur a choisi ce titre. Ici, l’auteur a choisi ce titre car « la fin du monde » est ce que Louis attend. « Juste » est une manière d’atténuer le fait de mourir. C’est paradoxal car le fait de mourir est quelque chose de grave. Il y a quelque chose de désabusé dans le titre.
Exemple d’autre titre : « Un repas de famille ».