La France : des espaces ruraux multifonctionnels, entre initiatives locales et politiques européennes
La France : des espaces ruraux multifonctionnels, entre initiatives locales et politiques européennes
I. Mutations des systèmes agricoles français
A. Un pays de tradition agricole
La France est depuis très longtemps un pays agricole. Ceci est dû aux dimensions du territoire, à ses avantages naturels, à la grande fertilité des sols et aux qualités des climats.
Cette tradition agricole a par ailleurs pesée sur le développement de la France, puisque celle-ci est arrivée un peu tardivement au XIXe siècle dans la Révolution industrielle. Le poids de la société rurale a en effet empêché une transition plus rapide.
Dans le territoire métropolitain, parmi les 55 millions d’hectares (soit 550 000 km²) on compte 30 millions d’hectares d’espaces ruraux qui peuvent être dédiés à l’agriculture, dont un tiers environ d’espace forestier. De par cette tradition agricole très forte, la France est toujours aujourd’hui le 1er producteur agricole de l’Union européenne et 4e exportateur mondial de produits agricoles.
B. Une modernisation sous l’influence européenne
Cette agriculture a été largement modernisée après la Seconde Guerre mondiale sous l’influence de l’Europe, grâce à une politique voulue par la France : la politique agricole commune (PAC), à partir de 1962.
Dans un premier temps, la PAC a accompagné la modernisation de l’agriculture française, sa mécanisation d’une part, et sa réorganisation d’autre part, avec une diminution du nombre d’exploitations agricoles au profit d’exploitations plus grandes.
Dans un deuxième temps, cette PAC, qui permettait de soutenir les prix de vente des agriculteurs français, s’est tournée vers d’autres préoccupations. La gestion des excédents d’abord, puisque nous produisons parfois trop, ce qu’on a pu voir avec des productions de lait par exemple. Les questions d’environnement et de durabilité ensuite, longtemps négligées, avec des efforts pour promouvoir notamment une agriculture biologique.
C. Une multifonctionnalité
Ce qui est central à propos des espaces ruraux aujourd’hui, c’est leur multifonctionnalité. L’agriculture n’offre plus suffisamment de revenus aux agriculteurs, il a donc fallu que les territoires ruraux se diversifient pour subvenir aux besoins des populations. Trois grands secteurs d’activité sont en jeu dans les espaces ruraux :
– Le tourisme, avec le développement d’un tourisme rural : l’agro-tourisme plutôt tourné vers les produits de la ferme, et l’éco-tourisme, plutôt tourné vers la découverte des paysages avec des randonnées par exemple.
– La persistance d’activités industrielles, avec des espaces ruraux où il existe une activité industrielle relativement importante liée à un savoir-faire français comme la miroiterie ou comme la plasturgie dans la région d’Oyonnax.
– L’économie résidentielle, c’est-à-dire l’économie au service de ceux qui habitent dans ces espaces ruraux et qui ne sont plus simplement tournés vers des activités agricoles : les retraités partis vivre à la campagne ou les néo-ruraux, c’est-à-dire les gens qui ont quitté la ville pour s’installer dans des espaces ruraux et qui participent à relancer des services, des commerces, des transports.
II. Quels enjeux d’aménagement ?
A. Le problème démographique et social
La population agricole est une population vieillissante en France. Le métier d’agriculteur est un métier extrêmement difficile, qui rapporte assez peu d’argent. Du fait du peu d’attractivité du métier, un quart des agriculteurs français ont aujourd’hui plus de 55 ans. Donc le problème du renouvellement des agriculteurs se pose.
Dans ces espaces, il y a également une question sociale liée à la présence de gens qui ne sont pas des agriculteurs et qu’on appelle les néo-ruraux : ces citadins qui quittent la ville pour s’installer dans un espace plus agréable et moins cher. Ces personnes participent ainsi nécessairement à modifier les conditions d’existence dans les espaces ruraux. On peut par exemple mentionner la possibilité du télétravail, du fait des innovations techniques, qui permet de vivre dans un espace rural tout en travaillant pour une entreprise qui se situe dans un espace urbain.
B. Le problème environnemental
L’agriculture reste très polluante : elle utilise des engrais, peut abîmer les terres, etc. Ce problème est devenu absolument central en géographie.
C. Une multiplicité d’acteurs
La PAC absorbe encore aujourd’hui le principal budget de l’Union européenne. Celle-ci est donc très active dans la détermination de l’organisation des espaces ruraux en France.
A l’échelon inférieur, il faut mentionner l’aménagement du territoire souhaité au niveau national, qui date des lendemains de la Seconde Guerre mondiale et qui devient très important dans les années 1960. Les espaces ruraux ont ainsi été nettement affectés par cet aménagement du territoire.
Enfin, de nombreuses initiatives locales sont prises, à l’échelle des municipalités, afin de redynamiser ces espaces. En s’employant à faire revenir des commerces, en impulsant de nouvelles activités, ou en insistant sur l’agriculture traditionnelle et biologique, celles-ci peuvent permettre de redynamiser les espaces ruraux.
Conclusion
On note bien ainsi que les espaces ruraux sont une particularité en France, tout d’abord parce qu’ils sont étendus et qu’ils procèdent d’une tradition historique et sociale très ancienne. Ils ont toutefois connu une transformation importante, transformation qui continue aujourd’hui : les espaces ruraux sont bien ainsi des espaces vivants.