Exploiter et protéger la forêt française depuis Colbert

Exploiter et protéger la forêt française depuis Colbert

L’histoire de la forêt française est intéressante du point de vue de l’histoire environnementale. Après avoir été menacée de disparition, la forêt française augmente à nouveau sur le territoire métropolitain et sur le territoire ultra-marin. Elle augmente depuis les années 1980 de 0,7 % par an. En métropole on est passé de 14 à 17 millions d’hectares. Il s’agit du résultat d’une logique de protection de la forêt mais aussi d’exploitation raisonnée, alors même qu’elle a continué d’être exploitée. Dans quelle mesure la forêt française est un laboratoire pour le développement durable ?

 

I. Une volonté de protection ancienne

 

Les forêts françaises ont énormément reculé depuis le Moyen Âge, à partir de l’an mille et des grands défrichements pour mettre en valeur les terres agricoles. Ce recul de la forêt française s’est accéléré à partir des XVIe et XVIIe siècles car en plus de l’agriculture, on a utilisé la forêt pour le bois, les industries d’armement et la Marine royale. De plus, les débuts de l’industrialisation se faisait avec du charbon de bois et non pas du charbon de terre.

De ce fait, les forêts françaises ont drastiquement reculé jusqu’à ce que Colbert décide à la fin des années 1660, de publier une ordonnance des Eaux et Forêts qui cherche à les protéger. En 1669, cette ordonnance stipule qu’un quart des forêts françaises seront totalement protégées sans exploitation possible. De plus, il était recommandé d’exploiter le bois en futaie et non plus en taillis (utiliser du bois qui a été semé et planté plutôt que du bois centenaire). Une fois exploité, il était possible de le replanter. Cela donne un cadre législatif qui donne une première protection de la forêt.

Pourtant, la pression économique était si forte qu’au début du XIXe siècle, certains auteurs comme Rougier de La Bergerie ou J.A. Roch attirent l’attention sur une déforestation rapide. Au début du XIXe siècle, les forêts françaises ne représentent plus que 6 à 7 millions d’hectares, le plus bas niveau depuis la fin du Moyen Âge (fin XIVe siècle, les forêts étaient deux fois plus étendues). Dans les années 1820, sous la Restauration, on fait voter de nouvelles lois qui permettent de protéger la forêt. Ceux qui exploitent le bois doivent demander l’autorisation de l’État et il est interdit de faire paître le bétail dans la forêt. Dans le même temps, c’est l’heure de la révolution industrielle. Le charbon de terre, exploité dans les mines, remplace petit-à-petit le charbon de bois.

L’État a aussi tenté de reboiser avec de grands projets. Par exemple, sous le Second Empire, on a planté les Landes de Gascogne, notamment avec des pins qui ont prospéré.

Entre protection et reboisement, la forêt française a fini par s’étendre à nouveau sur dix millions d’hectares au début du XXe siècle et la France a pu disposer d’une richesse forestière exceptionnelle, aussi pour mener des activités économiques de sylviculture.

 

II. Une richesse forestière exceptionnelle

 

Au fil du XXe siècle, la France s’est dotée de nouveaux instruments pour mettre en valeur ses forêts. Après 1945, un fond national d’investissement pour les forêts a permis de vastes opérations de reboisement, de résineux ou de peupliers pour l’industrie de la pâte à papier. Dans les années 1960, l’Office National des Forêts est créé et conduit parallèlement la logique de protection et la logique d’exploitation.

Depuis les années 1970-1980, les forêts françaises ont à nouveau largement prospéré. Avec la nouvelle révolution agricole et les nouvelles techniques agronomiques, les besoins en ressource des forêts ont été moins sollicités, notamment pour l’élevage. D’autre part, avec la révolution énergétique, on a eu moins besoin des ressources en bois, remplacées par le pétrole, le gaz et le nucléaire. Les forêts ont donc été de plus en plus épargnées. Parallèlement, il y a aussi des territoires qui ont connu une déprise agricole. Toutes les campagnes non spécialisées qui relevaient du rural isolé, ont vu le retour des forêts avec l’abandon des champs. Chaque année depuis les années 1980, 80 000 hectares de champs ont été regagné par la forêt.

Ainsi, le territoire métropolitain fait état d’un taux de boisement d’environ 30 %. Si on ajoute les forêts tropicales des régions et départements d’outre-mer, on arrive à un taux de 37 %, supérieur à la moyenne mondiale. En France, on a ainsi 250 000 km2 de forêt. Ces forêts sont le réservoir d’une biodiversité exceptionnelle. Le territoire métropolitain possède les 3/4 des essences d’arbres qui existent en Europe avec 138 essences d’arbres différentes. La diversité est encore plus grande en Guyane avec l’Amazonie.

Ces forêts exceptionnelles sont des richesses économiques, notamment pour la sylviculture qui génère environ 60 à 70 milliards d’euros par an et fait travailler 400 000 personnes.

 

III. Une grande diversité de forêts

 

Il s’agit d’abord d’une diversité de statuts car en France, les 3/4 des forêts sont des forêts privées. 10 % d’entre-elles sont des forêts publiques dites domaniales, gérées par l’État. Le reste appartient à des collectivités territoriales, c’est-à-dire des communes et des régions. Tout cela est développée dans une logique de développement durable qui mêle l’économique et l’environnemental.

La deuxième source de diversité réside dans la localisation des forêts. On peut distinguer plusieurs types de forêts :

– Forêts de plaine : les forêts les plus exploitées pour le tourisme et la sylviculture car elles sont faciles d’accès comme la forêt du Rouvray qui est une forêt périurbaine à côté de Rouen ou la forêt de Montmorency dans la région parisienne qui accueille 5 millions de visiteurs par an.

– Forêts littorales : importantes pour leur rôle écologique car elles permettent d’éviter l’érosion et l’ensablement, on les trouve sur toutes les côtes, sur environ 10 % du littoral français comme la forêt de Mimizan dans le Sud-Ouest ou la forêt d’Oléron qui a été plantée pour éviter la progression du sable.

– Forêts de montagne : importantes pour le tourisme mais aussi pour des raisons écologiques (éviter les avalanches, les glissements de terrain et les inondations,) comme la forêt du Boscodon dans les Alpes du Sud ou dans la forêt de l’Aigoual.

 

Conclusion

 

On a ainsi différents types de forêts qui font la richesse de la France et qui sont exploitées dans une logique de développement durable qui s’est imposée même avant la lettre, dès le XVIIe siècle et l’époque de Colbert.

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