Le changement climatique : approches historique et géopolitique

Le changement climatique : approche historique et géopolitique

Les études du GIEC (Groupe international d’étude du climat) assènent l’idée que depuis la révolution industrielle, la température moyenne à la surface de la Terre a augmenté de 2°C. Ce processus de réchauffement planétaire se poursuit alors que l’on ne connaît pas encore toutes ses conséquences. Pour les parer, un mouvement mondial de coopération est né.

Le changement climatique a déjà été étudié avant l’ère industrielle. C’était une manière de connaître les oscillations naturelles entre les périodes de réchauffement et de refroidissement. Avec l’entrée dans l’ère industrielle, on met en avant, non seulement un phénomène naturel, mais un phénomène humain, lié au rejet de polluants dans l’atmosphère (gaz à effet de serre). On s’interroge donc sur l’effet des hommes sur le phénomène.

 

I. Un objet d’étude ancien et renouvelé

 

Il faut remonter au XIXe siècle pour les premières études, notamment du savant Fourier (1768-1830) pour mettre en avant l’existence d’un effet de serre (la planète bloque naturellement une partie du rayonnement solaire à la surface des terres et océans et réchauffe la température moyenne). Le propre de la recherche scientifique et climatologique du XIXe siècle est de montrer le rôle du dioxyde de carbone dans cet effet de serre. C’est ce qui est mis en avant par J. Tyndall dès les années 1960.

Svante August Arrhenius (1859-1927) a démontré que l’homme était devenu le principal agent de diffusion du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Il a aussi établi une corrélation entre les émissions de charbon et le réchauffement de la planète. Ces thèses étaient nouvelles à l’époque et ont été un temps réfuté, notamment par H. Koch qui les a invalidées. Il faut attendre les années 1950 pour que des physiciens analysent le phénomène et en démontre la réalité, comme le canadien G. Plasse ou l’américain C.D. Keeling. Il a réalisé une courbe qui permet de montrer qu’avec le temps, les émissions de dioxyde de carbone augmentent, en lien avec la progression de l’industrialisation, et que parallèlement, ce dioxyde de carbone se répand partout à la surface de la Terre et pas uniquement là où il a été émis.

À partir des années 1950, des craintes émergent à l’échelle internationale. En 1967, le rapport McNamara prévoit un réchauffement de 2,5°C d’ici la fin du XXe siècle. Les révoltes de 1968 font émerger le thème de l’écologie et de la protection de la planète. Ces craintes sont relayées par le rapport Meadows (1972) qui les confirme. Dans ce contexte, l’ONU décide de lancer, à la fin des années 1970, un programme climatologique mondial pour étudier le climat et son évolution. Cela aboutit à la création en 1988 du GIEC, spécialisé dans l’analyse du changement climatique.

 

II. Une « vérité dérangeante »

 

Le changement climatique devient une « vérité dérangeante », selon la formule du vice-président américain Al Gore qui a été à l’origine d’un documentaire et d’un livre An Incovenient Truth (2006), qui place la question du réchauffement climatique au cœur des préoccupations mondiales.

Au milieu des années 2000, le GIEC produit des rapports qui rendent très probables l’action de l’homme sur le phénomène de changement climatique. Ce n’est donc pas seulement un phénomène naturel qui fait alterner, depuis des millénaires, des périodes de réchauffement et de refroidissement.

À l’époque, de nombreux climatosceptiques, qui s’expriment encore, prennent la parole pour nier l’origine anthropique du réchauffement climatique. Au contraire, en 2017, le GIEC renforce l’idée que l’action anthropique est « extrêmement probable » et fixe le réchauffement depuis 1860 à 2°C. Les conséquences sont encore imprévisibles. Beaucoup de voix se font entendre pour dire que les modèles de prévisions établis ne sont pas sûrs, que cela dépend de l’évolution du volcanisme et des individus.

Le GIEC subit également des critiques. C’est un regroupement de 800 savants et chercheurs qui, chaque année, font la synthèse de toute la littérature scientifique produite. Il peut y avoir des erreurs, des incertitudes qui laissent place à la discussion mais on commence à voir les effets du réchauffement climatique s’accélérer. Exemples : fonte massive des glaces aux pôles et en haute montagne, début de la hausse du niveau des océans, épisodes climatiques extrêmes (sécheresses, ouragans, typhons et tempêtes). On constate aussi une raréfaction de la biodiversité avec des espèces animales qui migrent. On s’interroge sur les migrations climatiques humaines. Un rapport de l’ONU de 2018 s’inquiète de voir 250 millions d’humains qui vont devoir migrer pour des raisons environnementales et climatiques.

Ainsi, la vérité dérange tant elle devient palpable. D’où la nécessité d’une mobilisation croissante de la communauté internationale malgré la persistance de débats.

 

III. Une mobilisation politique croissante et des débats persistants

 

La mobilisation politique se fait dans le cadre du rapport Brundtland de 1987 qui définit le développement durable dont un des éléments est la protection de l’environnement et la lutte contre les risques globaux comme le réchauffement planétaire. Philippe Le Prestre, chercheur canadien, montre qu’à cette époque naît une éco-politique mondiale c’est-à-dire une écologie politique qui se fait dans le cadre de grandes conférences, depuis celle de Stockholm (1972), premier sommet de la Terre qui se réédite tous les dix ou vingt ans avec celui de Rio en 1992, de Johannesburg en 2002, de Rio+20 en 2012.

Entre temps, des protocoles sont signés à l’échelle mondiale pour lutter contre le réchauffement climatique : le protocole de Kyoto, en 1997, entré en vigueur en 2005. Mais ce n’était qu’un premier pas vers un effort de la communauté internationale. Kyoto avait pour objectif la stabilisation des émissions de gaz à effet de serre, mais il aurait fallu les réduire de 80 % dans les pays industriels et les imposer aux pays en développement et émergents pour vraiment limiter leurs effets. Un nouvel accord, plus ambitieux a fini par déboucher sur l’accord de Paris en 2015, après les échecs de COP préparatoires comme celle de Copenhague puisque les Américains et les Chinois n’étaient pas d’accord.

L’accord de Paris fixe l’objectif de ne pas dépasser 2°C de réchauffement climatique au XXIe siècle par une économie bas carbone et en sortant des énergies fossiles en faisant la promotion d’une transition écologique et énergétique. Les pays du Nord s’engagent pour se faire à aider de 100 milliards, chaque année, les pays du Sud. Toutefois, les États-Unis en sont sortis et les pays du Nord ont du mal à payer pour des pays du Sud qui continuent à exploiter les énergies fossiles.

Les débats restent très importants à l’échelle des États. Un certain nombre d’États se veulent vertueux comme le Japon. D’autres sont réticents, comme les États-Unis et le Canada qui ont lancé un projet de conduites de gaz et de pétrole avec le projet Keystone Xl qui va à l’encontre de la lutte climatique.

 

Conclusion

 

Tous les pays ne sont donc pas sur la même ligne même s’il y a un consensus autour de l’idée qu’il y a un danger majeur et imminent, il y a encore des incertitudes sur la manière d’atteindre des objectifs de limitation climatique. Dans ce domaine, des logiques économiques de courts termes s’opposent aux logiques écologiques de longs termes. 

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